Lorsque j'ai fait mes études je critiquais les formes construites dans ce pays ; je pensais qu'elles venaient de la paresse ou de l'incurie de mes confrères architectes mais j'ai rapidement compris que c'est surtout dû aux administrateurs qui délivrent les autorisations. Si la corruption est encore latente dans certains lieux, c'est surtout l'absence de compétences qui pénalisent tout travail. Beaucoup ont été recrutés soit par piston, soit par charité, très peu ont le sens de la mission de service public. Pour eux avoir un emploi dans l'administration était un dû à exiger de l'Etat et non une responsabilité au service des citoyens. Ils n'aiment pas leur métier, ils refusent de se cultiver, d'ouvrir une revue ou de comprendre un projet qu'il soit au Maroc ou à l'étranger.
Un petit exemple à Fès.
Un couple charmant sollicite mon intervention pour l'extension d'une maison traditionnelle qu'ils viennent d'acquérir dans le médina. Le projet est une intervention fine qui n'a pas pour objectif de créer une immense maison d'hôte mais d'aménager un espace familial agréable en préservant un vaste jardin.
L'Agence urbaine qui a connu une profonde réforme, valide le projet et autorise en décembre le dépôt du dossier de demande d'autorisation de construire devant la commune. Après plusieurs semaines d'attentes, la commission étant supendue pour de multiples malversations, le projet est enfin examiné en avril. La commission multiplie les remarques de forme très explicites comme utiliser une "couleur neutre" pour indiquer l'existant conservé et surtout signale que le service des monuments historiques s'interroge sur le respect de l'architecture locale.
Une visite au dit service fut fort instructive. La conservatrice, architecte pour sa formation, intégriste pour ses convictions, trônant au fin fond d'un batîment obscur commence à vociférer voulant interdire le projet. Elle veut que les façades soit plus sobres (alors qu'elles sont restituées à l'identique) et soutient que les tourrelles n'existent pas dans l'habitation fassie (alors qu'elles forment les cages d'escaliers des maisons traditionnelles comme à Dar Demana). Mais rapidement, je comprends qu' elle ne sait pas lire le plan et qu'elle est incapable d'identifier les espaces et que le vrai motif de sa colère est plutôt sa xénophobie. Elle est contre ce projet simplement parce que le terrain appartient à des Français. Elle conclut son discours par "ils n'ont rien à construire chez nous". Je m'interroge sur l'opportunité de lui asséner un extrait du dernier discours du roi s'adressant aux architectes ou plutôt de celui sur la tolérance et l'investissement des étrangers pour le développement économique du pays. Mais à quoi bon !
Je rentre à l'agence je reprends le dossier et prépare un cahier de références pour défendre le projet. Est-ce que, six mois après l'instruction de ce dossier cette construction verra-t-elle le jour ? La commission doit encore se réunir ce jeudi.
je suis tres admiratif de ce que vous faites, votre demarche est interessante grace a son aspect sensoriel et pluridisciplinaire, votre franc parlé est une tentative de changer, un tant soit peu, les mentalites. Je vous souhaite beaucoup de succes.
votre confrere de Fes
Rédigé par : Mohamed El haouzi | 02 juin 2006 à 11:48
bonjour salima
je suis absolument de taravail que voua avez fait .vraiment c est un travail plein de dynamisme et de volontee .je tiens a vous remerciez pour ce sacrifice que vous avez fait pour revivre ce patrimoine et ce tresore qui touche le coeur .BRAVO.
Rédigé par : mohammed de tamnougalte | 04 juillet 2006 à 14:34
quels moyens de répression auraient les services de l'architecture au maroc si une construction telle que celle là se faisait sans autorisation (finalement) ? Au fait, la commission a t elle siégé ...combien demande t elle ?
Rédigé par : jcholder | 08 janvier 2007 à 01:45
que dites vous du "fameux" aménagement d'une petite maison en ruines par la nouvelle propriétaire nomée EL HAZZAZ NAJIA qui a mis des cellules et non pas des chambres et veut en fin la faire maison d'hote ? C'est scandaleux!Les normes de sécurité n'y répondent pas,les chambres toutes petites et l'emplacement de récéption c'est 1m sur 1m,pourtant elle a eut l'autorisation de transformer selon sa guise.ça vaut mieux d'y faire un tour.merci
Rédigé par : amoureux de fes | 05 février 2011 à 03:06