Le site
L’Agadir n’Uguelluy, Amtoudi (Amtdi) (Ayt Herbil), anti-atlas occidental, versant saharien) daterait d’une époque très lointaine (Xe siecle ?). L’implantation humaine, en tous les cas, en ce lieu fertile, entre les zones désertiques au Sud, et les plateaux arides au Nord, est très ancienne. De nombreuses gravures rupestres ornent les parois de plusieurs sites d’intérêt archéologique réel, les tumuli et autres traces d’établissement humain, révèlent un passé riche.
Nous pouvons retirer trois enseignements de ce site : d’abord ses qualités tactiques, déterminantes pour les bâtisseurs qui en exploitèrent le potentiel. Ensuite, les qualités constructives du lieu, sa durabilité, témoignent d’une maîtrise magistrale des savoir-faire, des mises en œuvre structurelles. Enfin, l’interpénétration des époques de constructions le faisant remonter, sans doute relativement loin dans le temps, suscite notre curiosité quant à son évolution sur la durée.
Site de contrôle de la Vallée d’Amtoudi (Amtdi), sa configuration inexpugnable sur un piton rocheux donnant sur des précipices à pic sur trois faces du bâtiment témoignent d’un sûr génie défensif. On se souvient que trois personnes suffisaient, autrefois pour défendre le lieu, le gardien attitré et deux gardes la nuit. Chacun dans le village montait au grenier s’acquitter de son tour de service. A moins d’une trahison d’un des leurs, le grenier était imprenable. Beaucoup des sociétaires, possédant des troupeaux partaient des semaines durant. Il ne fallait pas que pendant leur absence, des étrangers s’emparent des biens durement gagnés. La mémoire a retenu les guerres incessantes avec le voisin, Id Issa, frère de sang.
- Aperçu historique
D’implantation séculaire voire millénaire, le grenier serait parmi les plus anciens de la tribu. Malheureusement personne n’est en mesure de donner une idée des époques anciennes de sa fondation et de ses diverses évolutions constructives. Même si le grenier possède des traces d’occupation témoignant de diverses implantations, un texte, aujourd’hui perdu, évoque selon les sources locales, un agrandissement du grenier autour de l’an mille (en 405 de l’Hégire, 1015 de notre ère), le grenier se serait alors appelé Hisn Ya’qub, la forteresse de Ya’qub. Beaucoup d’éléments permettent d’envisager une appartenance ancienne à une communauté juive, ce qu’aucune famille du village ne renie. Enfin, certains lignages se savent originaires de Tamdoult n’Waqqa, réfugiés venus après le cataclysme, ils gardent l’empreinte de ce souvenir par une geste célèbre[1] et un sobriquet qu’ils se donnent : « les grignoteurs de son » (Bu ilammn).
- L’histoire de ce grenier est exemplaire des liens qui unissent entre elles les tribus, dans le temps et l’espace. Il concentre un certain nombre de récits anciens qui montrent d’incessantes rivalités liées au droit de l’eau sur la source du village, mais également liées aux puissantes ligues du Sud.
- Aguelluy est la « mère » des six greniers alentour ruinés. On se souvient qu’un conflit tragique entre deux lignages d’Amtoudi (Amtdi) obligea les Id Issa à migrer à quelques centaines de mètres en aval des leurs, il y a environ deux cents ans. Ils construisirent alors leur propre grenier qui possède des procédés constructifs directement apparentés à celui d’Aguelluy.
Confusion des époques de constructions
Plan au sol, relevé personnel effectué en février 2004
Le relevé ne rend pas compte de la complexité des salles et de l’enchevêtrement des niveaux où le moindre espace est exploité. Il propose de découvrir une circulation d’ensemble qui permet de comprendre comment le bâtiment s’est développé en colimaçon autour du rocher. Le niveau supérieur présente schématiquement, la superposition de ce plan. Le plan des terrasses prend appui sur les parties les plus solides, celles ancrées dans le rocher. Il est difficile de déterminer des époques de construction. La découverte de cavernes dans le niveau inférieur, jointes à un tracé particulier de gouttières toutes chaulées au niveau de ces grottes, semble clairement indiquer une implantation ancienne, de la grotte-habitat au grenier construit. Seule une solide étude archéologique pourrait préciser les indices relevés ici.
- Ces anciennes cases creusées dans la roche, désaffectées ou réaménagées, dénotent une expansion constante comme si deux gabarits avaient été décidés pour calibrer à l’identique (6 m² pour le niveau inférieur et 30 m² pour les cases plus vastes de l’étage et de la terrasse). Elles seraient plus récentes, d’après les témoignages oraux[2], sans que l’on puisse déterminer avec exactitude s’il s’agit de magasins ou du logement, lors de longues périodes de refuge, de quelques familles puissantes.
- Complexité de la structure interne
- La structure interne complexe indique un haut degré d’élaboration. Comme le montre les écorchés sur le rocher et le grenier, un principe structurel guide les niveaux de constructions, et empêche les effondrements. Prolongement du chemin, le rocher est creusé pour asseoir le sol de la forteresse, des marches excavées dans la roche vont progressivement devenir des paliers pour porter les trois niveaux de l’édifice. La gangue de pierre et le mortier de terre qui a habillé le rocher ne laissent pas deviner l’enchevêtrement du rocher avec les murs. La réhabilitation le révèle : on marche sur un sol qui est le rocher et on traverse un couloir dont l’un des murs est une partie du rocher. Les blocs de grande taille découpés à même le lieu servent pour les fondations, sous forme de longrines ou de moellons ébauchés. Au fur et à mesure que la construction s’élève les pierres utilisées, de taille réduite sont équarries. La charpente supérieure est une ossature simple en stipes de palmier, palmes ou branches de laurier, recouverte de lauzes ou d’une couche de terre mêlée à des gravillons.
[1] Justinard L., « Poèmes Chleuhs recueillis au Sous », Revue du Monde Musulman, 1925, pp. 63-109 Justinard L., « Notes sur l’histoire du Sous au XIXe s. (1) », Hespéris, 1925, 3 pp. 265-276. « Notes sur l’histoire du Sous au XIXe s. (2) », Hespéris, 4, 1926, pp. 350-364. « Notes sur l’histoire et la littérature berbères », Hespéris, 3-4, 1949, pp.321-332, voir aussi Lumale (Contrôleur adj. A.I.), Etude sur la tribu des Ida Ukensouss. Archives du CADN, 1941, p. 35.
[2] Haj Acha’ou Lahssan ben Mohamed Ben Ali Ben Ali U Ali, Douar Aguelluy, Amtoudi (Amtdi) (Ayt Herbil), février 2004.
SALT AMTDI VREMENT SI MIRVIEUX BONNE COURAG ATOU
Rédigé par : moi..........? | 17 novembre 2008 à 14:42