Igherm est un bourg au croisement des routes de Taroudant-Tata et de Taliouine-Tafraout.
J'ai fait connaissance avec M. Nagib Athman, maire de la ville, par hasard, lors d'un ahwash organisé par les voisins Iberkaken en avril 2003. Suite à une conversation sur la sauvegarde des greniers collectifs, il m'invite à passer à la municipalité d'Ighrem pour nous présenter ses projets. La municipalité a une faible activité économique et est consciente du potentiel de la ville et de la région. Située sur un carrefour entre plusieurs routes qui ont été récemment goudronnées (1999, 2003), elle possède deux hôtels (hors catégorie), mais aucune structure d'accueil digne de ce nom. Beaucoup de touristes traversent la ville sans s'arrêter ni entrevoir l'intérêt de la région. Cependant les nombreux sites qui l'environnent (gravures rupestres, greniers collectifs, tagadirt familiales en pierre, paysages naturels, etc.) ont un grand intérêt culturel ou environnemental et mériteraient d'être répertoriés ou mis en valeur. La ville d'Ighrem peut potentiellement constituer un pôle régional pour présenter l'ensemble d'une région. Un tourisme vert pourrait y être mis en œuvre.
A l'été 2004, la ville d'Ighrem décide d'organiser son 1er festival. Elle nous y invite et demande de donner un coup de main pour une exposition qu'elle ne sait comment mettre en œuvre. Devant me rendre dans la région pour effectuer un certain nombre de relevé de sites, j'accepte volontiers de venir donner quelques conseils pour le plaisir.
La commune a collecté, sous forme de prêts, un nombre importants d'objets du quotidien, de vêtements, de bijoux, mais hésite à tout exposer. Une équipe de jeunes très volontaires et très sensibles est chargée de réaliser la scénographie. Nous disposons de deux tentes caïdales et du dépôt de la commune qui met à disposition son maigre mobilier.
Ensemble, nous choisissons une double thématique : une première tente abritera les objets du quotidien, tandis qu'une seconde présentera la fête. Pendant deux jours nous nous activons pour réaliser un espace le plus attrayant possible. Avec un peu de carton et beauvoup de terre on réalise un puit, une cuisine, avec des tissus on élabore des manequins. Tout le monde s'amuse et surtout prend conscience de la beauté des objets une fois mis en scène.
Le festival reçoit plus de 10 000 visiteurs, notamment les villageois venus des environs, c'est un succès. Ses soirées où les meilleurs chanteurs de la région sont invités font déplacer des foules. L'équipe municipale épaulé par l'autorité travaille de façon intensive pour que la fête perdure toute la semaine. La culture locale est magnifiée pour la plus grande joie de tous.
Avec des moyens modestes, la commune a réalisé un exploit d'organisation. Deux ans après ces initiatives se multiplient dans tout l'Anti-Atlas, faisant du mois d'août un mois culturel dans toute la région.