Hommage à Jacques Berque, premières Rencontres des Seksawa, 1947-2007 : le retour aux sources
La théorie à l’épreuve du terrain
Augustin Berque, fils de Jacques, était à l'initiative du projet, organisé à Imi n'Tanout, par 2 associations : Fulma et Lala Aziza, et depuis Paris par Tassadit Yacine. Les Seksawa à partir du 10-11, ceux qui côtoyèrent, accompagnèrent, fréquentèrent le Hakem, ahwash, danses de la corne, conversations ininterrompues ; et puis, le 13, retour sur la ville d'Agadir pour aller à la rencontre des étudiants. Augustin Berque donne à l'IFA d'Agadir le 13 avril une conférence intitulée " L'Urbain diffus, la "nature" contre la nature".
Se joignent à Tassadit Yacine et Augustin Berque, la femme de celui-ci, et d'autres chercheurs de l'EHESS, Jean-Claude Galey, Noëlle et Claude Calame, mais aussi Kenneth Brown, David Goeury ou Claire Cécile Mitrate, Lahcen Hira, ainsi que Dominique Francoeur, journaliste. A Agadir, MM les doyens Sabir et Benhlima, Ahmed Raqbi, Hassan Wahbi, Chaddia Derqawi ont permis l'organisation du colloque pour leurs étudiants. D'autres chercheurs ont rejoint le groupe à la fin de a semaine pour une table ronde passionnante autour de la figure de l'éminent chercheur : Mustapha El Qadiri, Aberahman Lakhsassi, Afulay, deux caïds aussi, Loulad Dahou, par la pensée, et l'excellent Abelhak Benamara dont les paroles raisonnent d'une récente expérience.
L’idée est de rendre hommage à l’apport théorique de Jacques Berque, soixante ans après, en faisant un travail réflexif sur nos propres terrains, sur les terrains de J. Berque, et en observant comment le terrain de notre quotidien (en tant que caïd, en tant qu’architecte, en tant que chercheur actif sur le terrain) nourrit la pensée plus théorique.
En ébauchant ce colloque, nous avions choisi de mettre l’accent sur le parcours de Berque, administrateur et pourtant penseur. Sans son expérience aux Seksawa, sans sa mission d’administrateur au plus proche de ses administrés, nous aurait-il légué autant de concepts adéquats ? Sa démarche totalisante sur un territoire, son approche savante, particulière et pourtant adéquate et pleine de finesse, est resté un modèle aujourd’hui, là où relire Gellner par exemple, montre combien certains travaux, à l'opposé, n'appartiennent qu'à des modes.
Je voulais donner à ces rencontres organisées par l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales/Collège de France et l'Université Ibn Zhor d'Agadir, montrer comment le terrain nourrit la pensée. C’est pourquoi, la présence de jeunes caïds – dans l’évolution de cette mission ces quatre dernières années et niotamment depuis la mise en application de l'INDH – en tant qu’administrateurs représentants de l’autorité mais confrontés sans cesse à l'humain re-questionne les héritages théoriques sur un monde maghrébin aujourd'hui grand oublié des sciences sociales.