Sous le titre : Femmes d'Orient, Femmes d'Occident : Espaces, mythes et symboles, s'est tenu du 17 au 19 juin 2005 un colloque organisé à la villa Tamaris-Centre d’art (Toulon La Seyne-sur-mer), dont les textes ont été réunis par Colette Dumas et Nathalie Bertrand et qui viennent d'être publiés chez L'Harmattan (Paris).
L'objectif était de "Parler des femmes à partir d'une notion géographique comme "l'Orient" et "l'Occident" pour interroger plus largement leurs fonctions à travers le temps et l'espace. Les Rencontres Orient-Occident ont donc réuni des historiens, des architectes, et des universitaires pour confronter les réflexions et les regards de la femmes ou évoquer son existence dans ses territoires.
ISBN : 978-2-296-02372-7 • avril 2007 • 156 pages
Ma contribution s'intitule « Le triangle et la fibule, espaces féminins à Imi n'Tatelt, Anti-Atlas, Maroc présaharien ». Je m'étais amusée avec le terme tamghart qui, dans les parlers berbères, signifie « femme », et amghar qui renvoie à l’autorité, au chef, au gouvernant, ont la même racine (MGHR), le premier est grammaticalement le féminin du second. Ironie ou vérité linguistique, le mot révèle d’emblée le statut ambigu de la femme berbère.
La femme n’est souvent femme que lorsqu’elle a enfanté. Elle imprime la fécondité aux murs et préserve de l’infortune ou du mal. Elle construit un rapport à l’espace particulier qui fait de la demeure son prolongement. Elle est aussi le « pilier de la tente », une expression littérale souvent entendue, souvent reprise par certains ouvrages d'ethno, qui est effectivement très évocateur. Tout un ensemble de signes et de symboles sont donc inscrits sur les portes, les murs, les plafonds, (par les femmes pour les murs uniquement). Ces signes-symboles incarnent effectivement la femme, celle qui prend en charge le foyer, celle participe de ce cercle protecteur entourant la vie.
Ainsi, si l’acte de bâtir est souvent le fait des hommes, le façonnement de l’espace habité en cohérence avec les pratiques et la culture de chaque communauté, reste l’apanage des femmes.
Confronter les grands mythes autour de figures féminines (la Kahina et autres femmes de pouvoir) à la quotidienneté de leur situation contemporaine dans le Maroc présaharien, laisse apparaître un réel décalage. Lorsque celles-ci se mêlent de décider, ordonner, créer hors du foyer, leur statut reste-t-il le même ?
A Imi n'Tatelt, où je vais souvent, la femme est invisble et pourtant son rôle est préhensible dans les beaux voiles de mariées que les femmes continuent à fabriquer. Je vous laisse lire l'analyse iconique et anthropologique par vous-même...
Rafik Daggari écrit un article très élogieux où il commente la contribution de nous toutes, Erika Ziegler, Colette Dumas, Ouidad Tebbaa, Nathalie Bertrand, Nadia Ali, Soumiya Jalal Mikou qui nous régala de ses textiles, Marie-Elise Palmier, Leïela Ammar, dans ce colloque où nous fumes reçues de façon exquise. Mon nom est mal orthographié (Salima Néji...), mais peu importe ! Stéphane Yérasimos, en compagnie de son épouse, devait aussi produire un bel exposé sur la Turquie. Il est décédé le 19 juillet 2005 et le livre lui est naturellement dédié. |
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