Le 19 janvier, j'ai soutenu ma thèse doctorat d'anthropologie à l'EHESS (Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales) à Paris.
Les entrepôts de la baraka :
Du grenier collectif à la Zawya.
Réseaux du sacré et processus de patrimonialisation
dans l’Atlas et le Maroc présaharien
Le jury était composé de :
M. Augustin Berque, Directeur d’études, EHESS, Président du jury
Mme Hélène Claudot-Hawad, directrice de recherche au CNRS, Iremam
Mme Sonia Dayan-Herzbrun, Professeure, Université Paris VII
Mme Brigitte Derlon, Maîtresse de conférence, EHESS
M. François Sigaut, Directeur d’études, EHESS
Mme Tassadit Yacine, Directrice d’études à l’EHESS
M. Ahmed Toufiq, Ministre des Habous et des Affaires islamiques du Maroc, Historien, ancien conservateur de la Bibliothèque Générale du royaume
Ce travail est parti d’une question : comment le grenier collectif de l’Atlas (agadir), a-t-il survécu à la « modernité » alors que partout ailleurs dans le Maghreb, il s’est définitivement éteint ? Les terrains de recherche conduits durant plusieurs années du Cette thèse a reçu la mention très honorable avec les félicitations du jury et sera publiée dans les mois à venir.
Haut-Atlas à l’Anti-Atlas (300 greniers visités, actifs, moribonds ou ruinés) dans l’objectif de réactualiser les données coloniales soutiennent l’idée d’une communauté élargie, au-delà des liens du sang, dont l’institution collective de l’agadir sacré affirme l’identité. Car c’est à dates fixes chaque année, que toutes les tribus possédant un grenier actif, apportent en effet leurs dons aux grandes zawya-s méridionales placées sur les franges présahariennes et renouvellent alors leur allégeance par serment aux grands Saints régionaux (Imi n’Tatelt, Tamegrout, Tazerwalt, Timggilsht). Relation singulière décrite ici pour la première fois et qu’il convient d’appeler le système [zawya-grenier], système par lequel circule une partie des biens nourriciers produits dans ces régions, rendant indispensable le grenier. Les circulations de dons apparaissent bien comme les prestations totales d’un système articulé autour de la baraka. Ainsi que le montre d’abord, le réseau des greniers de village des Ayt Ubiâl (Sirwa), puis des tribus réunies en masse autour de la zawya d’Imi n’Tatelt (Anti-Atlas oriental). Les règles cependant évoluent, polarisées distinctement par les
deux « institutions-choses » que sont la religion, d’une part, et le patrimoine, de l’autre, selon des logiques de rupture, d’effacement des mémoires et de réécritures des pratiques individuelles et collectives.