Jeudi 21 février à 18h30 à l'Institut du Monde Arabe à Paris (niveau 9, salle du haut conseil), se tiendra une table ronde sur le le culte des saints dans le monde arabe.
La question posée est la suivante:
Les réformistes musulmans du début du XXe siècle le tenaient pour suspect et ils fustigeaient ces rituels qui, à leurs yeux, s’apparentaient à la magie. Après un déclin dû en grande partie à la modernisation des sociétés arabes et à l’exode rural, le culte des saints connaît depuis deux décennies un regain notable dans plusieurs pays.
S’agit-il de la renaissance de rituels anciens à l’identique ou d’une forme renouvelée d’appropriation de l’espace religieux et social ? L’éclairage apporté sur plusieurs aires géographiques fera ressortir à la fois les tendances lourdes et les différences locales.
Participeront à ce débat:
Emma Aubin-Boltanski est chargée de recherches au CNRS, membre du Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux de l’EHESS. Elle vient de publier Pèlerinages et nationalisme en Palestine. Prophètes, héros et ancêtres, éditions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2007
Katia Boissevain, chercheuse à l'Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain à Tunis (IRMC) de 2003 à 2006, est actuellement associée au laboratoire de l'IDEMEC à la MMSH d'Aix-en-Provence. Elle est l’auteur, notamment, de : Sainte parmi les saints : Sayyda Mannûbiya ou les recompositions cultuelles dans la Tunisie contemporaine, éd. Maisonneuve et Larose, 2007.
Sossie Andezian est chargée de recherches au CNRS, membre du Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux de l’EHESS. Elle est l’auteur, notamment, de Religion du cœur en Algérie, Expériences du divin dans l'Algérie contemporaine : Adeptes des Saints dans la région de Tlemcen, CNRS Editions, 2001.
Personnellement, j'interviendrai sur les dynamiques actuelles du culte des saints dans les régions atlassiques et présahariennes marocaines en montrant comme la persistance des rituels participe à la fois de la résilience d'une religiosité qui veut se distinguer d'un Islam extérieur et modernisateur, et d'une dimension identitaire et patrimoniale. Les figures de Sidi Bu Salah des Ayt Oubial (Jbel Sirwa) et de Ben Yacoub (Jbel Bani) seront au coeur de mon propos.
J'ai écouté les interventions très documentées et instructives des quatre intervenantes. Je me pose une question concernant l'utilisation du mot "Saint" qui semble faire une équivalence avec le "sanctus"latin. Il me esemble qu'il y a de s différences importants :
le "sanctus" est parfois "suscité par le collectif, mais plus souvent il est choisi par l'institution pour différentes raisons : raisons politiques (Saint Louis, Saint Etienne) - raisons "hiérarchiques " ( les papes, les abbés, les évêques) - raisons "prosélitiques" : valoriser un converti,un martyr,raisons éducatives essentiellement : il s'agit de proposer des modèles de vie "sainte" (le martyr dans certains cas, ou l'étude, la charité,la persévérence, l'ascétisme...
Le devoir de philo de notre enfance (le saint, le héros, le sage) avait l'intérêt de nous faire réfléchir sue ce qui, en psychologie, relève des "figures d'autorité".Je pense que les sociétés ont besoin de saints, qui ne jouent pas un rôle d'intercesseur, ou de distributeur de grâces ou de faveurs divines éventuelles - moyennant offrande rituelle, mais comme modèles, références...Pour moi, les Saints modernes sont par exemple le général de Bollardière, Germaine Tillion, Edmond Michelet, Abd el Kader, l'abbé Stock, les résistants de l'affiche rouge, Mgr Camara et Mgr Claverie,Mandela,Martin Luther King,Mouloud Feraoun,Edith Stein, Hans et Sophie Scholl ...chacun de nous a son panthéon, son ciel individuel, ses références.
Rédigé par : Daniel Gall | 27 février 2008 à 21:35