Pourquoi travailler sans relâche à la valorisation du patrimoine architectural?
Pourquoi s'intéresser à des constructions en terre et en pierre à l'heure du tout béton?
Pourquoi travailler avec des communautés démunies vivant dans la misère?
Pourquoi s'imposer tout cela alors que l'on a un parcours d'excellence validé par de nombreux diplômes, que l'on peut vivre et que l'on a vécu dans des pays riches et prestigieux, que l'on peut choisir de prendre des marchés beaucoup plus rentables dans des villes beaucoup plus accessibles en ne rencontrant que des administrations bien huilées?
La réponse est simple, parce que le Maroc est traversé par les fureurs de la brutalisation culturelle. Au nom de la modernité, au nom de l'urgence économique, trop souvent, on oublie qu'un pays que l'on ne respecte plus, se meurt. Il faut certes construire dans les villes, les indispensables logements mais pourquoi le faire sans jardin, sans espace agréable alors que toute l'urbanité marocaine était de ménager des espaces où il faisait bon s'arrêter (un petit jardin, une fontaine et un arbre). Trop de nouveaux quartiers préparent la brutalisation des hommes. Combien il est difficile voire impossible de convaincre élu et maître d'ouvrages des quartiers dits populaires qu'un jardin, une avenue plantée d'arbres ne sont pas des gadgets, difficile à gérer, mais un espace d'humanisation?
De plus, il ne faut pas oublier les campagnes qui elles aussi subissent de façon soudaine, les fureurs destructrices. Alors que l'espace ne manque pas, les modernistes veulent détruire les bâtiments collectifs qui portent en eux l'histoire du pays.
Il sont
fascinés par l'art du lisse, du clinquant, du lifting monstrueux qui transforme
ce qui fait les spécificité d'un territoire en un masque gris, sans signes
distinctifs. Or, un pays comme le Maroc est le produit d'une longue
accumulation historique. Chaque monument peut être vu comme un trait de son
visage. Tous sont uniques, mais ensemble ils forment un tout et donne son
caractère, où la diversité devient générosité. Certains traits sont plus douloureux, ce sont des cicatrices rappelant une histoire malheureuse (la guerre, la
misère) à peine refermée comme une plaie, mais avec le temps ils deviennent
comme une ride, marqueur d'un âge vénérable et apportent la sagesse. Or c'est
cela un pays, c'est une mémoire source d'avenir et de créativité. Car tout ce
qui s'est produit, qui a été ingéré par les sociétés marocaines qui se
recomposent sans-cesse, devient la force vitale qui pousse un pays jeune vers
l'avant.
Aujourd'hui, le Maroc s'ouvre à la mondialisation et se trouve devant deux choix. Il peut copier sans recul des modèles véhiculés par la parabole, déversés à force de litanies simplistes où tout se consomme le coca-cola comme la religion, ou bien créer et devenir à son tour un modèle, une source d'inspiration, proposant sa propre voie.
Pour mon cas, j'ai choisi la deuxième possibilité et je crois que je ne suis pas la seule.
Oui c’est bien dommage de continuer toujours à penser de cette manière. On est prêt à oublier pour de l’argent, non seulement notre passé mais même notre présent.
Dans notre pays malheureusement, on n’a pas encore cette culture du patrimoine! Oui ce sont des bâtiments anciens, oui ça fait partie de notre histoire…et après ? Disent certains !!
Même l’Etat ne semble pas prêter attention à ce bien culturel et identitaire, et ce qui me frustre encore plus dans cette question est que ce patrimoine est toujours sous l’égide d’un ministère à budget minime et qui n’a malheureusement pas les compétences nécessaires pour gérer un bien aussi important.
Rédigé par : missarchi | 13 avril 2008 à 18:11
chère consoeure,maghrébins ancrés que nous sommes en regard de nos profondeurs historiques et culturelles et de notre riche patrimoine,je ressens une fierté à travers vos travaux et votre foi inaliénable à défendre ces vestiges de l'humanité et à travers eux, les valeurs qu'ils représentent dans des territoires jusque là tenus à l'écart des sollicitudes matérielles. L'intérêt que vous leur portez et que leur portent aussi les sociétés du nord est la preuve de la soif du ressourcement culturel pour asseoir un sens au développement durable tant décrié dans un Occident saturé.Continuez à regénérer les lieux mémorables du patrimoine,nous en avons besoin.L'histoire vous jugera pour vos bonnes actions ici-bas,et Dieu vous récompensera.Bonne continuation dans vos travaux.Au revoir,un confrère dplg maghrébin.
Rédigé par : bali saïd | 20 avril 2008 à 00:20