Je voudrais parler d'un bel article mis en ligne dernièrement qui montre combien notre culture est une synthèse d'apports successifs.
Mohamed El Medlaoui parle ici de certaines interférences culturelles et notamment de la composante juive dans le patrimoine immatériel marocain, c'est très intéressant.
http://orbinah.blog4ever.com/
Petit extrait :
"Dans une étude antérieure (2006 :105-115), j'ai montré à quel point le lexique de la langue berbère, [patrimoine immatériel par excellence] garde des traces des profondeurs de ce que nous sommes dans notre pluralité qui traversent même le dogme religieux. Je suis parti d'une question simple: pourquoi ce lexique qui a emprunté et berbérisé tant de vocables à la langue de la Révélation de la religion musulmane, à savoir l'arabe, tels que les termes pour la prière (ta-Zalli-t), les ablutions rituels (luDu), le jeûne (uZum), la mosquée (ti-mzgida), etc. n'a pourtant absolument pas emprunté le vocable central, à savoir le Nom de l'Eternel en arabe, Allah (...). [Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'à] l'avènement de l'Islam avec les futuhaat, il n'y a que le culte et la loi qui sont choses nouvelles (la Shariâa) pour les peuples autochtones de l'Afrique du Nord, les éléments du dogme monothéiste étant déjà présents dans leurs formes judéo-chrétiennes ; aussi bien comme concepts que comme termes lexicaux de provenance hébréo araméenne. Le lexique berbère en a gardé des traces comme un paysage porte diverses strates géologiques. Au niveau du culte lui-même, ce lexique témoigne encore des indices de beaucoup de type de syncrétismes qui ont dû s'opérer durant le passage du culte judéo-chrétien au culte musulman avec l'islamisation progressive. Un exemple éloquent est le terme, dans ce lexique, pour le sacrifice, à savoir ta-faska. On y reconnaît le mot araméen pasqa (d'où dérive d'ailleurs le mot "pascal" en français même) qui renvoie au rite de l'agneau pascal de la tradition juive. Avec l'avènement de l'Islam, ce rite qui mémorisait la Sortie d'Egypte des Hébreux, a acquiert une autre signification: celle du sacrifice d'Abraham (Coran; aSSaaffaat: 102-107); mais dans certaines régions du Maroc, on continue toujours à asperger le sang de la bête immolée sur les linteaux de la porte de la maison, comme cela est recommandé dans l'Ancien Testament (Exode, 12 : 3-7)..."
J'aime personnellement l'idée d'une culture irriguée, traversée, qui a des ramifications loin dans son histoire. Les Imazighens étaient là depuis une date très lointaine, cette civilisation, ouverte, a retenu en elle, toutes les cultures qui l'ont baignées, et qui réaffleurent ainsi à la surface de la langue, des pratiques ou même de l'architecture. Ce texte fait réfléchir. Bonne lecture à tous !
Merci de cette petitie fenêtre qui nous a fait découvrir ce que nous respirons tous les jours sans nous en rendre compte; c'est normal, car c'est comme le poisson qui ne se rend compte de l'existance de l'eau que lorsque le filet l'en fait sortir; là, il se débat pour retrouver sa source de vie pour bien l'apprécier, mais quand c'est déjà trop tard!
Omar
Rédigé par : Ayyaw | 29 mars 2009 à 19:56