Dans le cadre des projets d’aménagement urbain intégré
de la Ville de Tiznit, nous avons été appelé e pour élaborer le programme de création du Musée de Tiznit dans l’enceinte
restaurée de la Kasbah Makhzen (Monument Historique KASBAH AGHENNAJ EL HAHI).
Le projet a donc été élaboré à partir des monuments de la ville, témoins
historiques, pour leur redonner du sens qui dépasse l'illustratif. La
symbolique et la profondeur historique sont une possibilité qu’offre
l’architecture lorsqu’elle est bien utilisée.
Pour construire ce projet, nous avons d’abord fait un relevé très précis des Monuments Historiques concernés, puis nous avons beaucoup regardé les images d’archives pour bien comprendre comment fonctionnait la ville avant les bouleversements occasionnés par la « modernité », et tenter de lui rendre ses spécificités perdues. Ce projet propose donc de partir des spécificités locales dans l’objectif d’une mise en valeur générale de la ville. Les pages qui suivent en expliquent la démarche.
Bien entendu, tous ces détails qui donnent l’histoire du bâtiment (coulisses de l’histoire) en même temps qu’ils nous donnent des clefs de lecture de la façon avec laquelle ils ont été édifiés, seront prioritairement utilisés lors du projet. Car pour « nourrir » de sens un projet, il faut être en mesure de trouver aux espaces des destinations neuves qui soient un hommage à celles des temps passés. Une mauvaise restauration est celle qui rase tout et enlève cette « chair » du bâtiment sans chercher à lui redonner une nouvelle vie. Il faut le faire dès que les conditions techniques le permettent. Mais, cela ne doit pas non plus être caricatural, une mauvaise restauration sera aussi celle qui réemploiera aussi par trop un objet ancien à titre illustratif ou décoratif. A chaque fois, il faut juger, jauger, réfléchir.
Le projet
de musée dans la ville et dans ce monument historique pose question. Il faut
proposer quelque chose qui réponde à tous : toutes les classes d'âge - même si nous intégrons prioritairement les enfants - sans
disqualifier ni les femmes, ni les hommes. Notre projet proposera donc un lien avec des besoins des citadins et en
même temps une vraie mise à niveau pour permettre à Tiznit d'acquérir les caractéristiques
d’une métropole où le culturel n’est pas un luxe mais un droit qui
permet à toute une société d’avancer, ensemble.
Le parti
pris du projet est donc très simple : proposer un cheminement culturel
dans l’histoire de la ville par la promenade dans un jardin-musée. S’il fut logique de séparer deux espaces, celui des ateliers et celui du
musée, destinés à deux publics usagers différents, parce que le site présentait
une circulation et des dispositions particulières, il fut ensuite évident de ne
pas encombrer l’espace du musée de bâtiments coûteux mais plutôt de donner un
espace vert au cœur d’une ville saturée : décider de créer un jardin.
Mais, un jardin destiné à tout le monde – et non aux
seuls touristes – en fabriquant l’idée d’un jardin public. Ainsi, nous faisions
entrer le musée dans les habitudes des Tiznitis qui aiment la promenade en
famille, en organisant un ahwash ou un concert pour jeunes, en rendant
public une exposition de plein air, en organisant en un mot des conférences au
cœur de la ville, le culturel pouvait rencontrer le quotidien et aller chercher
un public inhabituel de proximité mais qui a soif de ce type de lieux.
Les ateliers, quand à eux, étaient à la fois très pratiques et reliés directement aux espaces culturels dans un lieu désormais réhabilité : le borj Sud. Là encore le monument historique glorieux sera généreusement offert à tous.
Le jardin musée devient l'espace de la sensibilisation au patrimoine, il permet d'associer ouverture culturelle et amélioration de l'espace quotidien des urbains.