Les écrits de l’historien romain Pline l'Ancien Ex Africa semper aliquid novi qui signifient littéralement qu'il y aurait « Toujours quelque chose de nouveau en provenance de l'Afrique.» a pu être traduit en anglais par Out of Africa always something new, ou plus simplement, Out of Africa. Le film de S. Pollack Out of Africa a été sous-titré en français Souvenirs d'Afrique, adapté du roman autobiographique de Karen Blixen, je lui préfère le titre anglais faisant directement référence à Pline. ou à un ailleurs intérieur. L'expression dans tout ce qu'elle évoque de neuf, et d'une profondeur qui réveille, qui se retourne sur soi. On se souvient tous de ce film tragique. Karen Blixen, une jeune aristocrate danoise, rejoint le Kenya - à l'époque, colonie britannique - pour se marier. Elle en vient vite à éprouver un amour profond pour l'Afrique, alors que l'Europe entre dans la première Guerre mondiale. Elle s'acharne à faire pousser des caféiers sur les terres nues et désolées de sa ferme, dans l'espoir de protéger la tribu qui y vit... Elle en fit ce roman écrit bien plus tard.
" Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie. Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant... "
Ma terre africaine à moi - après avoir vécu Paris 12 années consécutives - n'est pas aussi verte que le Kenya.. On n'y entend moins le vent que l'on goûte le silence. Et surtout elle n'est pas encore terminée... Mon Afrique à moi n'est certes pas intacte, elle est même en souffrance. Au Sud du Sud, elle est un prolongement de moi-même et porte en elle un concentré de tout ce que j'aime. La terre crue, la chaux, les bois - olivier, arganier, palmier - mais aussi un peu de pierre. Elle sera à la fois un le lieu de mon agence et notre maison : un lieu de rencontres et un atelier de travail qui pourra accueillir maints amis. Je l'ai laissée être ce qu'elle était, n'apportant que quelques points de confort et sublimant ces lieux délaissés. Nous sommes africains, on l'oublie trop souvent dans ce pays.
Cette architecture je la connais intimement et je me rends bien compte que peu sont capables de l'apprécier. Ils préfèrent détruire, saccager, remplacer alors qu'il suffisait de laisser tout cela exister.
J’ai lu avec étonnement votre perception contextuelle de « Ex Africa semper aliquid novi ». Sur le plan littéraire la présence de Jean Genet disant que "L'agonie de certains monuments est plus significative encore que leur heure de gloire. Ils fulgurent avant de s'éteindre" est renversant de signifiances. Sens et signification ne répondraient pas au défi. Enfin, il y a l’enjeu de la traduction. Le regard vôtre passe par l’anglais, l’art, ici le cinéma : Le film de S. Pollack Out of Africa, sous-titré en français Souvenirs d'Afrique, adapté du roman autobiographique de Karen Blixen. Votre avis et votre vécu : je lui préfère le titre anglais faisant directement référence à Pline.
Il y a chez vous une part d’utopie, mais c’est une belle quête dans un continent, l’Afrique, où ses habitants ne se voient pas détenteurs et porteurs du mot « Nouveau ». Peut-être que votre double formation d’architecte et d’anthropologue mais aussi votre engagement, Construire une charte architecturale et paysagère pour Tiznit, vous ouvre à un tel dialogue. Le conteur que j’ai toujours été depuis le commencement du monde et serai à sa fin, s’il a une fin, vous remercie. Même si à un moment donné on vous attaque sachez que vous rendez beaucoup de gens heureux. J’en suis un. Maurice Boyikasse Buafomo
Rédigé par : Maurice Boyikasse | 12 juillet 2014 à 07:36