Nous avons de beaux résultats de nos efforts conjoints avec la Municipalité, l'ingénieur municipal M. Hanni, ultra-compétent, sensible au patrimoine, dévoué, l'entreprise excellente, la Sobinma représentée par M. Saïd, et de temps à autre, les Monuments Historiques et les conseillers municipaux à tour de rôle.
Le mortier de chaux et de terre malaxée qui recouvre la Kasbah restaurée n'a pas été mis au point en un clin d'œil, on a mis plusieurs semaines d'abord à trouver la bonne chaux, le bon dosage ensuite et enfin choisir les terres qu'il fallait apporter. Car le pisé par définition, n'a pas d'enduit, c'est bien connu, il a une teinte - celle de son corps. Mais du pisé datant de 1882... lui, un peu ridé, très érodé sur les façades les plus exposées, et même si j'aime ces marques de l'âge, cette patine de l'histoire, il faut que ces murs perdurent et reprennent de leur corps. Nous avons donc tout rebouché (en briques crues, en pierre selon le cas, avec de la paille aussi parfois), puis nous avons lié le tout et recouvert de deux enduits de chaux. Vraisemblablement, nous passerons un dernier lait de chaux même si la teinte (une fois sèche) est la même que la teinte originelle. Nous avons veillé aussi à laisser les choses un peu "harch" (rugueux) et j'attends les premières pluies pour laisser ce monument trop frais se patiner. La première teinte paraît un peu pâle, en-deçà de
celle obtenue lors des essais, sinon l’ensemble est réussie. Revenir le
lendemain pour vérifier la teinte finale, une fois sec. Je suis rassurée le
lendemain puisque l’enduit a bénéficié d’une seconde couche avec un lait
mordoré d’une teinte réchauffant la totalité. L’ensemble est globalement
réussi. Le vendredi, les merlons sont égalisés, les
hauteurs et les parties érodées sont rattrapées avec des briques jointées au
mortier de chaux de la même couleur que le mortier final.
Quel bonheur de voir cette grande dame de terre crue retrouver son âge d'or et éblouir les badaux.