Une nécropole vieille de
5000 ans a été mise à jour par une équipe d'archéologues, d'anthropologues et
de paléontologues marocains dans la grotte d'Ifri n'Amr ou Moussa à Oued Beht
(Commune d'Aït Siberne dans la province de Khémisset). Les fouilles entamées
depuis 2006 dans cette grotte ont permis la découverte de structures
d'habitats, de sépultures et de mobilier archéologique, appartenant à l'âge du
cuivre et plus particulièrement à la civilisation campaniforme (entre
5000 et 3500 ans avant JC), ce qui est une première dans l'histoire de la
recherche archéologique au Maroc, a indiqué à la MAP , Youssef Bokbot,
professeur chercheur à l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du
Patrimoine (INSAP). Le caractère
exceptionnel de la grotte se trouve renforcé davantage par la découverte de
six squelettes humains inhumés dans une structure sépulcrale : ce qui en fait
les premiers Hommes Campaniformes, jamais découvert au Maroc auparavant. En
effet, quatre sépultures d'enfants en bas âge ont été mises au jour. Les
squelettes ont été inhumés selon un rituel funéraire propre à cette communauté
préhistorique locale, d'âge du cuivre, a précisé Youssef Bokbot insistant sur la position embryonnaire (fortement
fléchis) du mode d'inhumation, s'accompagnant d'un dépôt rituel qui consiste à
couvrir la tête ou le thorax par du matériel de broyage (meules dormantes).
L'excellent état de
conservation des ossements est de nature à procurer des données
anthropologiques de première importance dans la connaissance de la population
responsable de la civilisation campaniforme au Maroc. A travers la découverte
en stratigraphie d'objets en cuivre, habituellement très rares, notamment une
pointe de Palmella et un poinçon double, et d'industrie osseuse (une aiguille à
chas et plusieurs poinçons et plumes) et des tessons de céramique campaniforme,
d'une fabrication remarquablement très fine, la grotte d'Ifri n'Amr ou Moussa
peut être classée d'ores et déjà parmi les sites majeurs de la civilisation
campaniforme. Ces découvertes vont permettre sans aucun doute d'enrichir les
connaissances sur les cultures de l'âge du Cuivre au Maroc et dans tout le
bassin occidental de la méditerranée. M. Bokbot a fait savoir
que d'après les dernières découvertes dans la grotte d'Ifri n'Amr ou Moussa,
tout porte à croire que le campaniforme est une civilisation autochtone au
Maroc. Or,
le campaniforme marocain - tout en étant ouvert sur la péninsule ibérique,
voisine et en entretenant des contacts commerciaux dus à la navigation en haute
mer - a ses particularités propres qui le différencient du campaniforme ibérique. Les campaniformes
ibériques ont importé du Maroc de l'ivoire et des œufs d'autruches, qu'ils ont
façonné en produit de luxe, et en contre partie ils ont ramené des pointes de
flèche en cuivre de type Palmella, ainsi que des vases et des gobelets de style
campaniforme international, qui ont peut-être servi de prototypes aux objets
fabriqués sur place par les Campaniformes marocains. Ces recherches ont
permis également la découverte d'un objet de parure d'une rare beauté, unique
en son genre dans toute l'Afrique du Nord. Il s'agit en effet d'un élément de
collier façonné dans une défense de sanglier, épousant intentionnellement la
silhouette d'un serpent. Quant
à la faune mise à jour dans la grotte, elle est qualifiée par l'équipe de
chercheurs de "riche" et "diversifiée", comprenant des
mammifères sauvages, dont certains ont disparu récemment du Maghreb, tels que
l'ours, la panthère, le kob, le Bubale et le Taurotragus oryx, ainsi que des
espèces qui y vivent encore, tels que le sanglier, le porc épic, la gazelle
cuvier, l'hérisson, la tortue, les oiseaux rapaces, l'autruche, l'escargot et
des invertébrés marins consommés en tant que complément culinaire. Concernant
plus précisément des animaux domestiqués par l'Homme, ils sont représentés dans
la grotte par le chien et la chèvre, une faune qui reflète un climat beaucoup
plus humide que l'actuel, favorable à un environnement forestier.
M. Bokbot a estimé que
les ossements et les outils de bronze peuvent être exposés dans un musée sans
requérir une quelconque restauration, étant donné qu'ils ont été préservés des
détériorations qu'auraient pu leur causer l'usure du temps (1800-3000
av.J.-C.). Le
programme de ces chercheurs s'inscrit dans le cadre du programme national de
recherches archéologiques intitulé: "Néolithique et Protohistoire des
plateaux de Zemmour" et menés par l'INSAP.
Source : MAP (Maghreb Arab Press)
Voir aussi
http://www.aujourdhui.ma/culture-details58832.html
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