La Communauté Européenne, via l'action avant-gardiste de CISS, Coopération Italienne Sud Sud, et notamment Calogero Messina, finance un projet participatif de restauration dans les règles de l'art de sites de grand intérêt architectural et civilisationnel, malheureusement menacés. J'ai l'honneur insigne de conduire le projet. Ma méthode mis au point pour les greniers collectifs ("Jeunes architectes" EDF 2004-06), puis pour le Ksar Assa (2006-10), est réinvestie localement grâce au pacha d'Akka qui se soucie de l'intérêt général à travers la sauvegarde du patrimoine, M. Lahcen Irhir, admirable de gentillesse et d'efficacité, ses subordonnés et naturellement tout le village d'Agadir Ouzrou qui, soudain comprennent les enjeux de la réhabilitation de leur village dont ils sont de plus en plus fiers. Les habitants d'Agadir Ouzrou se désespéraient depuis des années de voir leur beau village s'effondrer un peu plus chaque jour.
Les premiers résultats sont là pour notre plus grand bonheur après à peine deux mois de travail. Au moment où dans tout le royaume, sous prétexte de sécurité, on détruit à tour de bras les monuments de terre crue, et notamment les édifices religieux, nous sommes heureux de montrer qu'il est possible de sauver de tels édifices et ce 1) avant tout avec la population locale, 2) ensuite dans les règles de l'art et dans le respect des techniques traditionnelles.
Ceci permettra, j'espère, de montrer l'importance de ce foyer de civilisation millénaire que constitue la palmeraie d'Akka et de permettre de conserver des métiers qui se perdent.
Lancement avec l'équipe de Ciss en décembre 2009, les géomètres Abdelkbir Erraddi et M. Baddi Hicham, d'Agadir, géomètres chargés du projet qui nous ont fait le plaisir de nous offrir un relevé très très précis, et quelques associatifs, instituteurs, professeurs, maalmines du chantier...
Nous remercions tous les partenaires et plus particulièrement les maalmines. La façade était si ruinée que l'on ne pensait pas qu'il soit possible de la restaurer. Dans des conditions épiques, grâce à des harnachement d'escalade, certains maalmines ont travaillé suspendu le long de la muraille en toute sécurité, nous y sommes parvenus. La beauté des résultats sont là pour encourager les plus sceptiques.
Bonjour, chère Salima,
Après une semaine passée entre Ait Baha, Tafraout, Amtoudi, Icht, Assa, Guelmim et Tiznit, nous percevons un peu mieux la richesse du patrimoine de cette région ainsi que l'importance - et l'urgence - de le préserver et de le réhabiliter.
Le travail que vous réalisez est impressionnant, aussi bien par les actions pratiques, sur le terrain, que par la mobilisation et la sensibilisation que vous avez déclenchées depuis plusieurs années, chez les gens et dans les mentalités, aussi bien au niveau des villageois que des cadres, fonctionnaires et décideurs. Et ce n'est pas simple, ce n'est pas une mince affaire ! Mais les impacts de cette dynamique que vous avez insufflée peuvent en être considérable; ils le sont déjà.
Vous tracez ainsi une "belle route" vers une appropriation plus profonde du patrimoine national et de la longue histoire de cette partie Sud du pays, probablement moins connue, entre autres par les jeunes, dans un pays aussi ancien, riche et complexe qu'est le Maroc.
Rédigé par : F.Jenny | 25 mai 2010 à 13:39