Les alili (lauriers) teints au feu sont posés, retrouvant l'ancien dessin coloré perdu et mangé par les xylophages. Le voisinage de la demeure s'est en effet densifié, des niveaux d'étage ont remplacé des cours où l'eau était évacuée. Les pentes des pluies s'en sont trouvées modifiées et des infiltrations d'eau ont apporté d'abord un lot de moisissures lui-même annonçant les xylophages (vrillettes, lyctus, capricornes, etc.) qui ont rongé le premier lattis tressé (autour de 1890 ?) avant de s'attaquer aux poutrelles. Le premier travail a donc constitué à revoir les pentes pour protéger définitivement le plafond de la pluie. Puis à préparer les branches de laurier, lentement montées depuis le dessus en reconstruisant le dessin de couleur disparu. En démontant le plafond rongé et moisi, nous avons retrouvé les couleurs perdues avec aussi des traces d'un jaune chimique rajouté dans les années 1970 (?) directement au pinceau sur des lauriers dont la teinte s'était sans doute déjà un peu fanée.
J'ai, dans mes livres, montré ces techniques ancestrales où le beau rejoint l'utile. Malheureusement désormais les chapes de ciment effacent ces ciels de la demeure que l'on savoure, un verre de thé dans une main, allongé sur un tapis...
Ce lieu fait office de bureau dans mon agence d'architecture installée désormais à Tiznit. Un manifeste pour dire la valeur de la médina et essayer de faire des émules. De grâce, arrêtons d'imiter les autres alors qu'il y a tant de témoins prouvant la valeur de notre culture. Arrêtons aussi de faire du faux, du reconstitué, une sorte de mélange des genres qui ne signifie plus rien à la fin !