Depuis l'effondrement brutal de la courtine Sud-Ouest le 21 février 2010, choc qui avait été très douloureux à vivre (l'effondrement était dû aux infiltrations des pluies violentes de janvier et février et de la non-possibilité d'intervenir sur le site), il fallait reconstruire, restituer en consolidant des fondations très éprouvées, le mur en pisé effondré et gérer la buse mal installée depuis les années 1970, en dépit du bon sens, à la place d'une ancienne khetarra désaffectée.
D'autre part, depuis le 28 septembre, date d'ouverture du chantier, le bastion Sud a fait l'objet d'un suivi quasi-journalier. Chaque détail et découverte non-prévue ont été pris en compte. Malmené par du béton armé installé directement sur le mur en pierre de taille et le pisé, cet bastion qui faisait office d'entrée historique de la Kasbah, a en effet connu un tassement differentiel important ces dernières années entraînant des fissures graves et un début de délitement des parements. Tout ceci a été repris par l'entreprise SABIMO, avec son excellent chef de chantier, le toujours vaillant Saïd Bourti, avant les pluies violentes de l'hiver, et avant Id Kbir... Il était malheureusement impossible de reconstruire en pisé du fait des vibrations que cela aurait entraîné sur l'ensemble et notamment sur la porte en pierre de taille très éprouvée.
Par ailleurs, une nouvelle peau à la chaux vient entourer la Kasbah sur l'ensemble de ces murs extérieurs, protégeant de façon pérenne le pisé. Bien sûr, je suis la première à regretter les imperfections et la patine du mur avant son enduit, mais sa fragilité, son grand âge et sa perméabilité rendent sages : l'enduit est fondamental n'en déplaise aux romantiques. Autre croyance : les trous des entretoises doivent être impérativement bouchés puisqu'ils permettent à l'eau - l'ennemi de toute construction - de pénétrer aisément dans le mur et de le déliter ensuite de l'intérieur.
On ne peut parler ici de toutes les étapes et de toutes nos découvertes qui viendront enrichir le musée, mais nous sommes tous réunis au chevet du bâtiment, architectes, municipalité, ingénieurs, concepteurs divers et responsables des Monuments historiques : tout le monde se soucie de sauver l'un des monuments fondateurs de la ville de Tiznit. Il restera la mosquée qui devrait être restaurée dans les règles de l'art à l'image de la Kasbah... j'espère avant les pluies...