Enfin ! Une partie de ma thèse est parue sous ce titre : Fils de saints contre fils d'esclaves, Les pèlerinages de la Zawya d’Imi n’Tatelt (Anti-Atlas et Présahara, Maroc).
De quoi s'agit-il ? Comme je l'ai longuement et en détail décrit dans mon livre sur les greniers (Edisud : 2006) j'ai beaucoup séjourné dans le Sirwa, le Jbel Bani et l'Atlas entre 1999 et 2006, et de ces terrains de longue durée, terrains éclatés, j'en ai retiré une thèse consacrée aux liens qui lient nos greniers collectifs (igherm, igudar) aux sphères du sacré. Thèse soutenue à Paris en 2008 à l'EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), sous la présidence d'Augustin Berque et en présence, entre autres, de Si Ahmed Toufiq, ministre des Habous en exercice.
Cet ouvrage se consacre donc à une immense Zawya, fondée au XVIe siècle, vers laquelle convergent tous les dons en nature faits dans les greniers et acheminés en cette zone très sèche de l'Anti-Atlas mais irriguée par le Saint et sa descendance. Aujourd’hui comme autrefois, les promesses se perpétuent, comme l’avait prédit, dans une stupéfiante précision, le Testament Mystique du Saint. On exige peu, mais le nombre des communautés affiliées est tel que les offrandes sont en quantité. Cette zawya fait ainsi office d’énorme magasin, réceptacles des dons en nature de toutes les tribus liées par serment. Cet ouvrage se propose de présenter de façon inédite, le réseau du sacré qui irradie à partir de l'une des trois zawyas les plus importantes du Sud marocain : celle constituée au milieu du XVIe siècle autour de la personne deSîdî Mhammd Û Yaqûb, au coeur de l'Anti-Atlas.
Ce travail est parti d’une question : comment le grenier collectif de l’Atlas (agadir), survit-il à la «modernité » alors que partout ailleurs dans le Maghreb, il s’est définitivement éteint ? Les terrains de recherche conduits durant plusieurs années du HAUT-ATLAS à l’ANTI-ATLAS (300 greniers actifs, moribonds ou ruinés) dans l’objectif de réactualiser les données coloniales soutiennent l’idée d’une communauté élargie, au-delà des liens du sang, dont l’institution collective de l’agadir sacré affirme l’identité. Car c’est à dates fixes chaque année, que toutes les tribus possédant un grenier actif, apportent leurs dons aux grandes zawya-s méridionales placées sur les franges présahariennes et renouvellent alors leur allégeance par serment aux grands Saints régionaux (Imi n’Tatelt, Tamegrout, Tazerwalt, Timggilsht).
Les règles cependant évoluent, polarisées distinctement par les deux « institutions-choses » que sont la religion, d’une part, et le patrimoine, de l’autre, selon des logiques de rupture, d’effacement des mémoires et de réécritures des pratiques individuelles et collectives.
ISBN 13 : 978-9954-30-2800-4
Editions Les cinq parties du Monde (diffusion : septembre 2011 en Europe).