Les fouilles et la restauration de la mosquée « Lalla baytou Allah » de la mosquée d’Agadir Amghar (Commune de la kasbah de Sidi Abdellah ben Mbarek, province de Tata) ont débuté le 21 février 2012 dans le cadre d’un partenariat international, unissant la Direction du Patrimoine Culturel (Ministère de la Culture du Royaume du Maroc), la Commune de la kasbah de Sidi Abdellah ben Mbarek (Province de Tata, Région de Guelmim Es-Smara) et l’ONG CISS (Cooperazione Internazionale Sud-Sud).
Cette action s’inscrit dans le prolongement du travail d’inventaire général mené par la Direction du patrimoine Culturel, entre les années 2003 et 2007, dans la Province de Tata, d’une part, et le programme « Renforcement des capacités d’intervention des organisations de base pour la préservation des écosystèmes oasiens au Maroc », porté par le CISS qui travaille dans la Province de Tata depuis 2007, d’autre part.
Cette phase opérationnelle a débuté par un travail minutieux de collecte des données historiques et archéologiques pour une analyse scientifiques des couches stratigraphiques. Les fouilles sont assurées par une équipe de quatre archéologues : Mohamed BELATIK, archéologue et chef de la division des musées, Mustapha ATKI, archéologue et conservateur du site de Volubilis, Ahmed ETTAHIRI, professeur de l’archéologie islamique, à l’Institut National des Science de l’Archéologie et du Patrimoine, Rabat, Abdallah FILI, professeur d’histoire et d’archéologie islamique à l’Université Chouaib Doukkali d’El-Jadida. Elles devraient révéler des informations historiques de première importance pour l’histoire locale, régionale et nationale. Akka est connue comme l’un des pôles politiques et religieux de la dynastie saadienne à quelques kilomètres de la cité minière et caravanière de Tamdoult, qui organisait le commerce transsaharien des métaux précieux.
Parallèlement, l’architecte Salima Naji supervise les travaux de restauration de la mosquée et la construction d’une enceinte de protection pour préserver le site, dans le respect de l’aspect historique du monument.
Les acteurs politiques et la société civile locale ont pris conscience de l’urgence de conserver le patrimoine régional. A terme, la mosquée d’Agadir Amghar devrait être classée comme patrimoine national par une action conjointe de la Direction du Patrimoine Culturel, de la commune et de l’association Al Agaya pour la solidarité et le développement social.
Les partenaires souhaiteraient que cette action pilote aboutisse à un protocole permettant la généralisation de ce type d’intervention dans l’ensemble des régions du Maroc.

(Source : Communiqué officiel).
Cette fouille extraordinaire, menée par ceux qui pour moi FONT l'archéologie du royaume, chacun dans sa spécialité, et tous passionnés (ils ont travaillés sur leur temps de vacances, de 7H du matin à 16H 17 jours durant avec une abnégation rare), mettant au jour un certain nombre de fortifications, d'objets, de linéaments de murs, dispositifs et autres éléments indiquant les multiples vies de l'oratoire. Il est trop tôt pour en parler et seuls les archéologues seront à même, d'ici quelques semaines, d'expliciter la fouille. Mais ce fut émouvant, intense, épuisant.
Ce que j'ai appris en tant qu'architecte, fascinée par ces régions et consciente des manques quant à l'histoire locale : si j'avais entrepris cette restauration sans qu'il n'y ait eu cette fouille, j'aurais sans doute fait une bêtise, commis l'irréparable. L'adage "J'ignore ce que j'ignore" n'a jamais été aussi vrai que devant cette masse de terre, du premier sol qui recouvre tout et soudain des indices apparaissent, des hypothèses se forment ou s'effondrent, on pénètre un monde infini, ce "sombre abîme du temps" (Buffon cité par O. Laurent) dont on ne connait les limites qui nous apprend à être patient. Je voudrais continuer à travailler main dans la main avec des archéolgues aussi talentueux et généreux, sur d'autres sites tout aussi riches et méconnus.