Le prestigieux Aga Khan Award for Architecture vient de retenir le "Programme de préservation des architectures sacrées et collectives des oasis" que je mène depuis désormais 10 ans dans la région de Guelmim, parmi plus de 400 projets, dans sa "short list des nominés", à même de concourir pour la phase finale du prix avec 19 autres projets très éclectiques. Le prix final sera décerné à 5 ou 6 projets en septembre 2013.
http://www.akdn.org/architecture/project.asp?id=4327
Ainsi, toutes mes actions, certes pour le sauvetage patrimonial de beaucoup de ces sites qui sont si importants architecturelement et historiquement et que je ne peux me résoudre à laisser mourir, mais aussi pour une certaine idée de leur reconstruction mémorielle initiée sur place avec et pour les habitants, toutes ces actions ont été difficiles, lentes, mais commencent à être comprises.
Le jury a salué l'engagement et surtout sa volonté de multiplier avec la société civile locale les projets intégrés permettant, outre le maintien de compétences constructives, la revivification d'un espace public de qualité, support à toutes les pratiques immatérielles.
Cette sélection vient couronner 10 ans de chantiers participatifs dans le grand Sud marocain.
La sauvegarde des deux greniers collectifs d'Amtoudi (Id Issa et Aguelouy), la réhabiliation du Ksar d'Assa et le sauvetage des parties collectives de celui d'Agadir Ouzrou participent d'un même programme dans lequel une approche participative similaire a été déclinée.
Sur chaque site, la restauration a été initiée avec la main d'oeuvre locale en concertation avec la société civile. Cette stratégie élaborée à partir du travail sur les greniers collectifs a ensuite été reproduite sur un projet d'une plus grande envergure qu'est le Ksar d'Assa, puis ensuite pour celui celui d'Agadir Ouzrou.
Dans le cadre de ces villages fortifiés, elle a pris une dimension totale car outre les architectures collectives et sacrées, il a été décidé de soutenir des porteurs de projet privés qui ont développé une nouvelle activité.
Le ksar d'Assa du fait du soutien indéfectible d'Ahmed Hajji, directeur de l'Agence du Sud, est de loin le projet le plus ambitieux et le plus abouti. Aujourd'hui, malgré l'état ruiné d'une grande partie du Ksar, deux zones (le sommet autour du borj Ihachch avec le théatre de plein air, et le bas autour de la Zawya ont été intégralement requalifiées) ensuite dans le ksar les passages et des demeures ont été réhabilitées.
A Agadir Ouzrou, la crise financière internationale a suspendu le financement apporté par le CISS et le projet s'est limité aux façades sur la palmeraie et à l'entrée historique du Ksar.
Ces projets permettent de maintenir un espace public de qualité pour les habitants qui sont désireux de conserver des lieux historiques sans toujours arriver à mobiliser les ressources nécessaires pour le faire. Par ailleurs, à Assa, le Ksar reste au cœur de la culture immatérielle et de nombreuses pratiques votives ou festives.
Bravo pour tout !
Le livre sur ksar d'ASSA a-t-il été réalisé ?
Rédigé par : Liétard François | 11 septembre 2014 à 10:07