L'Unesco reconnaît les paysages culturels comme des « ouvrages combinés de la nature et de l’homme ». Les paysages culturels illustrent l’évolution de la société et des établissements humains au cours des âges, sous l’influence de besoins, atouts et contraintes liés à l’environnement naturel et aux forces sociales ou économiques successives, voire cultuelles ou culturelles.
A Tiznit, Ain Aqdim «la source ancienne» appelée souvent en français «Source bleue » (Ain Zerka dans les guides touristiqes), aurait pu être mieux traduite par « la première source ». Elle est, en effet, à l'origine d'une palmeraie entretenue par l'Homme pour devenir progressivement des jardins. Ces jardins étaient nombreux encore au début du siècle, quelques décennies après que le Sultan My Hassan Premier ait fait édifier les remparts de Tiznit. Aujourd'hui, ces jardins se sont fait rares, et pourtant il en existe encore quelques uns autour de la Source, comme le montrent les images d'archives du quartier. Par les aménagements hydrauliques qui sont succédés pendant des siècles, la Source a d'abord alimenté les jardins intramuros puis, aujourd'hui que la médina est surdensifiée, cette eau providentielle alimente la palmeraie, à plus d'un kilomètre et demi de là. Le site de résurgence de Ain Aqdim apparaît comme est un bassin d’eau très vaste, qui était en lien jadis par des séguias et des khetarras avec toute la ville jusqu’à Targa, la palmeraie. Lien visuel avec les palmiers, il est aussi éminemment symbolique et résume l’histoire de la ville.
Il faut toujours avoir en mémoire qu'un paysage reflète le processus évolutif d'un site. Ceci a été très important d'avoir en conscience lorsque nous nous sommes occupés de redonner vie à Ain Aqdim.
Ceci s'est fait aussi en même temps que la mise en œuvre du premier Secteur sauvegardé de la médina, son premier noyau, le centre historique premier (XVI°-XVIII s). Ce secteur, zone non aedificandi en son point central (la source) nécessite une approche très rigoureuse en terme de respect des recommandations de préservation. Lieu fondateur où s’origine la ville, il est – conformément aux mythes – un lieu éminemment sacré, entouré de trois mosquées. La Sainte ayant découvert les eaux de résurgence, Lala Zninia est enterrée à quelques pas de ce site dans ce qui est sans doute la plus ancienne mosquée avec son tombeau (mosquée malheureusement malmenée par une rénovation précipitée), Timzguida Ait Mhand ensuite, puis Jemaa Lkbir au Sud.
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