
Divine Mertola
Située sur les bords du fleuve Guadiana, Mértola fut d’une importance économique exceptionnelle jusqu’à la Reconquête chrétienne, en raison notamment de la vitalité de son port d’où partaient, dès la période pré-romaine, les métaux extraits localement.
Par ailleurs, la diffusion de la richesse culturelle de la ville doit autant à la création du Champ archéologique de Mértola (1978) et du Musée de Mértola (1982) qu’à un travail continu de fouilles archéologiques, de bilans patrimoniaux et d’actions de conservation et d’investigation menées par l’équipe du Champ archéologique. Quelques-unes de ses antennes ont été implantées dans des sites archéologiques représentatifs de diverses périodes de l’histoire, comme la maison romaine (inaugurée en 1988), la basilique paléochrétienne (1993) ou l’église et la nécropole de S. Sebastião (1999). D’autres centres réunissent d’importants objets archéologiques, comme le donjon du château (1991) et le centre d’art islamique (2001). On y retrouve également une importante collection d’art sacré (pièces du XVe au XVIIIe siècle) et des matériels ethnographiques représentatifs des arts traditionnels, comme la forge du ferronnier et l’atelier de tissage, où trois tisserandes se chargent de perpétuer la tradition.
Le Musée de Mértola contribue de manière significative à l’étude et à la connaissance de la période islamique au Portugal. Si, au départ, l’activité s’est concentrée sur l’archéologie, très vite le musée a ouvert d’autres voies comprenant la valorisation du patrimoine et la connaissance de la Mértola islamique dans sa totalité. Dans une ville qui se souvient qu’elle fut capitale d’un royaume taïfa, le Musée islamique concentre les plus grands efforts. On peut y voir les résultats des fouilles du quartier almohade (fin du XIIe-début XIIIe siècle) à travers la reconstitution de l’une des habitations mises au jour. D’autres éléments permettent d’établir une synthèse de la Mértola disparue. La maquette de la mosquée nous rappelle l’aljama de jadis et les stèles funéraires nous renvoient à la maqbara (qui fait l’objet de nouvelles fouilles). Les céramiques recueillies pendant les excavations évoquent la vie quotidienne, et valent aussi pour l’importance exceptionnelle des pièces décorées selon la technique de la cuerda seca. SOURCE : http://www.discoverislamicart.org


Ce musée, nous le découvrions mieux avec le musée du Louvre cet automne (l'expo est actuellement à Rabat) qui présentait quelques unes de ses pièces récemment découvertes et très exceptionnelles. Mais aller sur place, permet surtout de mesurer le travail d'une équipe chevronnée d'archéologues, sous l'égide du grand Pr. Claudio Torrès, l'initiateur, et de la non moins talentueuse Suzanna Gomez d'autre part, tous deux archéologues, qui ont exhumé des strates d'histoire en trois décennies, presque quatre. Personnellement, c'est un modèle qui avec des moyens limités à la base, mais la passion comme seul moteur, a accompli des miracles. C'est ce qu'il nous faudrait de ce côté-ci de la méditerranée... Leur force est leur humilité, leur travail continu, et leur intelligence sans préjugés leur permettent de tout appréhender et aussi de lancer toujours de nouveaux chantiers (tout en terminant les précédents).
Je suis émerveillée par leur travail car la mise en relief de l'histoire n'est pas tâche aisée, surtout si l'on veut faire de la vulgarisation et pas seulement s'adresser à une élite confidentielle. Par ailleurs, un travail qui s'ancre ainsi sur la durée est rarissime.
Le génie du lieu opère toujours finalement !

http://www.camertola.pt/en/international-conference-traditional-architecture-western-mediterranean
J'ai été invitée à participer à un échange extrêmement intéressant sur l'architecture et les héritages communs, des deux côtés de la méditerranée, au Portugal. Ce voyage fut un enchantement ! Journées intenses placées sous le signe du sourire et de la science. Clin d'oeil complice à mon confrère Miguel Reimao Costa. Mertolà assoupie sur son passé qui affleure forçant l'admiration. Une confiance immense. Après un symposium très riche, une INOUBLIABLE visite de l'Algarve, un saut de puce en Espagne pour sentir la différence, puis une promenade de Tavira à Faro où nous avons passé la nuit, haltes multiples : atelier d'artiste à Cacela - Paul Klee revisité - la maison d'un architecte à Villa real de Santo Antonio, puis Lisbonne très vite pour humer les senteurs de cette ville étonnante, un pays avalé à grandes enjambées. Des ponts, toujours des ponts, l'eau est omniprésente - des ponts aussi entre les cultures, je n'avais plus envie de repartir...
Des portes qui s'ouvrent sur des personnes exquises, une délicatesse et une attention permanentes, une chaleur à laquelle je ne m'attendais pas, l'infinie courtoisie d'une vieille civilisation ouverte en effet sur le monde, une douceur de vivre si différente du Maroc. Lorsque l'on est sur le front, comme moi, dans des bureaucraties carnassières, cupides et corrompues, l'exercice de la profession d'architecte est bien compliqué.