Lorsque je suis allée, en 1995, au Mali pour la première fois, j'ai écrit - en arabe - une lettre à l'imam de la mosquée pour pouvoir la visiter. Outre cette visite dont je garde un souvenir impérissable, l'imam me confia à son jeune fils pour me permettre de visiter tous les chantiers de la ville, je crois que nous avons passé plusieurs journées à aller de chantier en chantier. Il me présenta certains maîtres constructeurs, si humbles, si intérieurs, que je craignais toujours de les déranger dans leur travail. Alors quand le Mali s'est déchiré dans cette guerre, qui n'en finit plus de le couper du monde, cela m'a fait une peine infinie, nous sommes si proches, géographiquement. Culturellement aussi. Humainement, j'ai reçu là-bas, comme dans mes montagnes de l'Atlas, des leçons de vie...
Un privilège dont je mesure aujourd'hui toute la richesse. En retrouvant de vieilles images, de vieilles notes de voyage, des carnets. Et je regarde, les pièces en terre cuite, les gestes, les enduits, les façons, je lis entre les lignes de ces photographies les spécificités de ces modes constructifs qu'intuitivement je compare aux nôtres... Il faudrait que je publie tout ceci sans doute. Au pays dogon, à Ségou, Djenné, Gao, ..., je fais des photographies, des relevés, et je vois alors à l'œuvre une vraie vitalité de la terre crue. Je loue un vélo à Djenné et peux alors visiter tous les petits villages en terre autour : Bref, ce voyage de 40 jours avec des livres et des travaux spécialisés sont une école nouvelle d'apprentissage de ces architectures cousines. La terre crue est en tain de mourir sur les vallées présahariennes que j'étudie en détail à ce moment-là dans le cadre d'un troisième cycle, en marge de mes études d'architecture. Je pense que c'est cet ensemble de références : l'africanité des architectures de terre, la vitalité de la terre crue ailleurs qui me paraît être un miroir de ce que le Maroc a été naguère, les différentes approches pluridisciplinaires qui se complètent avec l'anthropologie, synthèse, et surtout enfin, la pensée du grand architecte égyptien Hassan Fathy encore et toujours... Tout ceci m'a donné le goût de l'action dans une idée globale. Les choses ne se découpent pas.
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