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Il faut constamment se nourrir de vrais modèles. Francis Keré est l'un des plus grands architectes de notre génération qui a compris ce que signifie Afrique et qui prend le relais de la pensée de Hassan Fathy. Cité, copié, sa griffe devient un mode de pensée. Pourtant, il faudrait en tirer une réflexion globale, totale, subtile. Beaucoup préfèrent copier toujours la forme et non l'essence...
Ce que j'aime particulièrement dans son travail est la partie sensible, organique, la présence des jarres, les oculi qui ouvrent sur un paysage ou un ciel, la ventilation contrôlée. Burkina Faso, Mali, Togo, Inde, et hélas un peu moins présent en Europe. Souvent, je pense à son combat et m'identifie à lui.
J'ai rencontré il y a quelques temps, le maire de Tombouctou qui nous racontait sa ville lors du siège des djihadistes. Cela faisait frémir. Alors, il faudrait que ceux qui agissent sans conscience, mesurent, mesurent la chance de la stabilité, où peut s’épanouir une vraie intelligence.
Wang Shu est le second architecte de ma génération que j'admire également. Sans doute parce que je me retrouve dans son travail ancré dans les millénaires de la civilisation chinoise et pourtant si présent, si intelligent. Dans des conditions de lutte également peu aisées à dépasser.
Voilà, être femme aujourd'hui, être architecte de terrain femme au Maroc actuellement, être dans des luttes pour hisser le niveau et tenter de placer ce pays sur les voies qui l'honorent. Tel est mon objectif mais il devient de plus en plus difficile à atteindre...