Claire CORNU est une architecte-urbaniste engagée : elle s’attelle depuis des années à construire une démarche de professionnalisation nationale pour la maçonnerie de pierre sèche par la certification de la technique et la qualification du savoir-faire afin d’apporter aux donneurs d’ordres, aux prescripteurs et assureurs, des outils certifiés pour ouvrir un marché et qu’ainsi, les entreprises artisanales contribuent au développement durable de leur territoire. Cette conférence qu'elle a proposé pour notre région, riche en traditions vernaculaires, dont la pierre sèche, elle l'a défini comme « tout d’abord un voyage en France et dans le monde, ciblé sur les ouvrages en pierre sèche : typologies et usages. Pour finir sur la pierre sèche d'aujourd’hui, ses valeurs indéniables pour l’avenir, et ce «combat » que mène un noyau de professionnels depuis la fin des années 90, formalisé en Fédération française des professionnels de la pierre sèche sur demande du Ministère de l’écologie, du Développement Durable et de l’énergie en 2012».
Elle le dira à 16H vendredi 29 à la grande salle de la Wilaya d'AGADIR, venez nombreux !
« La technique de construction à pierre sèche consiste à assembler des moellons de pierre-tout-venant sans aucun mortier ni liant pour réaliser un ouvrage. C’est est un choix constructif
d’avenir, techniquement performant pour autant qu’il soit correctement mis en oeuvre, emploi valorisant et non délocalisable, économiquement pertinent, vecteur de corridors et de réservoirs écologiques, système de gestion des eaux de ruissellement rapide, acteur du Développement Durable. A travers le monde, les ouvrages en pierre sèche répondent à des besoins et façonnent les paysages. De multiples initiatives se manifestent en faveur de la conservation de ce patrimoine, ses atouts sont prouvés et plébiscités par nombre de régions et pays qui reconnaissent, officiellement et transversalement, ses valeurs identitaires, paysagères, environnementales, indispensables à la qualité de nos productions agricoles, de notre cadre de vie».
- au Plan d’action des Nations Unies de 2016 « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». Parce que le développement économique et social dépend d’une gestion durable de notre planète, ce plan stipule le recours à des modes de consommation et de production durables, la gestion durable des ressources naturelles, la lutte contre les changements climatiques.
- à la loi Transition énergétique pour la croissance verte de 2015 : Faire de l'énergie un enjeu de demain
- consommer mieux en économisant l’énergie (moins de carburants fossiles, moins de transport)
- produire autrement en préservant l’environnement (plus de ressources locales, moins de déchets)
- faire progresser la société grâce à des projets mobilisateurs (projets coopératifs)
- créer des emplois dans de nouveaux métiers d’avenir et dans le bâtiment.
- à la Charte de l’environnement de 2005 qui élève au rang des principes fondamentaux le droit à un environnement équilibré et favorable à une écologie humaniste qui n’oppose pas l’homme à la nature.
- aux Directives paysagères de la Loi paysage de 1993 qui ancrent les projets territoriaux et leur gestion sur les éléments concrets qui caractérisent les paysages. Terrasses, soutènement, enclos, ouvrages d’art, ce système ancestral ne relève plus seulement du pittoresque. Il joue un rôle de prévention des risques naturels: dispositif anti érosif et gestion de l’eau des bassins versants. Des dispositifs de seuils se retrouvent en travers des talwegs et des torrents pour ralentir les eaux ruisselantes, techniques ancestrales pour gérer les débits, ou en travers des couloirs d’avalanches ou d’éboulis. Qui plus est, l’épaisseur, les anfractuosités, le maintien de l’humidité et l’inertie de la pierre créent un écosystème avec un microclimat, favorable à la biodiversité ainsi qu’à la déontologie de la culture Bio. Un rôle fort utile à assurer dans les problématiques de maintien de corridors écologiques, trames vertes et bleues. Désormais, artisans, scientifiques, institutions professionnelles et territoires d’Europe partagent expériences et résultats pour prouver que, plus encore qu’un patrimoine architectural, qu’un patrimoine paysager et qu’un patrimoine culturel immatériel, la pierre sèche agit sur les 3 piliers du développement durable.
- Pour les métiers du bâtiment et du jardin, cette technique est porteuse de sens et valorise le savoir faire, elle est aussi fonctionnelle, la résistance tout comme le caractère drainant des ouvrages réalisés dans les règles de l’art sont éprouvés. Pour les agriculteurs, renouer avec ces pratiques, c’est contribuer localement à une autre agriculture, maintenir la biodiversité et entretenir un paysage. S’adapter au changement climatique représente un enjeu majeur pour les territoires. Pour ceux ayant une tradition lithique, cette technique traditionnelle entre en résonance avec les préoccupations du Grenelle de l'Environnement. Le recours à une technique conventionnelle béton, n'est ni utile pour la fiabilité de l'ouvrage, ni souhaitable pour une démarche environnementale. Développer le marché de la pierre sèche, à partir de pierres et de savoir-faire artisanaux locaux, c’est contribuer au développement durable des territoires. Pour autant, pour développer ce marché, il est nécessaire de susciter la commande en apportant la connaissance de ce système constructif à toute la filière des professionnels depuis les prescripteurs jusqu’aux praticiens et aux gestionnaires.
- La pierre sèche reste un marché de niche, multi niches. Sa revalorisation est le fruit d’une coopération sur plus de 18 ans entre praticiens, chercheurs, institutions et territoires. Ce collectif mutualise avec un réseau international et cette force a contribué à rendre sa noblesse et sa modernité à ce savoir-faire oublié. Un dossier transnational de candidature du savoir-faire de murailler au label Patrimoine culturel immatériel est en cours depuis 2011. Il mobilise aujourd’hui 8 gouvernements : Chypre, Croatie, Espagne (Andalusia, Arago, Asturies, Baleares, Catalunya, Extremadura, Galicia, Valencia), France, Grèce, Italie, Slovénie, Suisse. Ce dossier a été déposé par Chypre auprès de l’UNESCO ce 31 mars 2017. Réponse attendue en novembre 2018».
Excellente démarche !
J'ai restauré une maison caussenarde et actuellement, depuis plusieurs années un cabanon de week-end 100% pierres sèches.
Tous ces matériaux tirés d'un sol local sont des solutions d'avenir...
Rédigé par : Daniel MÉTHOT | 07 février 2018 à 19:27