Salima Naji

Ksar Assa : pour un Sahara en paix?

Sarah Masson a accompagné l'orchestre national de Jazz et réalisé un documentaire pour l'émission Partout Ailleurs de France Inter du 31 mai 2013.

Après la litanie des malheurs d'un Sahara qui s'enfonce dans la violence et le fondamentalisme, ce reportage rappelle que l'écrasante majorité de la population saharienne ne souhaite que vivre dignement, en multipliant les moments de convivialité. L'universel de la musique permet la réunion d'individus de tous horizons et dépasse tous les clivages politiques ou religieux.

La diversité culturelle, le patrimoine et la créativité constituent un rempart au fondamentalisme. Malheureusement, ses fondations sont fragilisées par la pauvreté et l'injustice.

Un autre avenir est possible pour ces régions. Le ksar d'Assa n'est qu'une petite pierre dans l'immense Sahara, mais elle rappelle qu'il est de la responsabilité de chacun d'oeuvrer pour éviter que cet immense territoire sombre dans la tempête de la violence aveugle. 

 

 

 

http://www.franceinter.fr/emission-partout-ailleurs-au-sud-de-la-mediterranee-des-deserts-occupes

Aga Khan Award for Architecture, 2013 Cycle Shortlisted Projects : Preservation of Sacred and Collective Oasis Sites

Le prestigieux Aga Khan Award for Architecture vient de retenir le "Programme de préservation des architectures sacrées et collectives des oasis" que je mène depuis désormais 10 ans dans la région de Guelmim, parmi plus de 400 projets, dans sa "short list des nominés", à même de concourir pour la phase finale du prix avec 19 autres projets très éclectiques. Le prix final sera décerné à 5 ou 6 projets en septembre 2013.

http://www.akdn.org/architecture/project.asp?id=4327

Ainsi, toutes mes actions, certes pour le sauvetage patrimonial de beaucoup de ces sites qui sont si importants architecturelement et historiquement et que je ne peux me résoudre à laisser mourir, mais aussi pour une certaine idée de leur reconstruction mémorielle initiée sur place avec et pour les habitants, toutes ces actions ont été difficiles, lentes, mais commencent à être comprises.

 

 

Le jury a salué l'engagement et surtout sa volonté de multiplier avec la société civile locale les projets intégrés permettant, outre le maintien de compétences constructives, la revivification d'un espace public de qualité, support à toutes les pratiques immatérielles.

 Cette sélection vient couronner 10 ans de chantiers participatifs dans le grand Sud marocain.

 

La sauvegarde des deux greniers collectifs d'Amtoudi (Id Issa et Aguelouy), la réhabiliation du Ksar d'Assa et le sauvetage des parties collectives de celui d'Agadir Ouzrou participent d'un même programme dans lequel une approche participative similaire a été déclinée.

Sur chaque site, la restauration a été initiée avec la main d'oeuvre locale en concertation avec la société civile. Cette stratégie élaborée à partir du travail sur les greniers collectifs a ensuite été reproduite sur un projet d'une plus grande envergure qu'est le Ksar d'Assa, puis ensuite pour celui celui d'Agadir Ouzrou.

Dans le cadre de ces villages fortifiés, elle a pris une dimension totale car outre les architectures collectives et sacrées, il a été décidé de soutenir des porteurs de projet privés qui ont développé une nouvelle activité.

 

 

Le ksar d'Assa du fait du soutien indéfectible d'Ahmed Hajji, directeur de l'Agence du Sud, est de loin le projet le plus ambitieux et le plus abouti. Aujourd'hui, malgré l'état ruiné d'une grande partie du Ksar, deux zones (le sommet autour du borj Ihachch avec le théatre de plein air, et le bas autour de la Zawya ont été intégralement requalifiées) ensuite dans le ksar les passages et des demeures ont été réhabilitées.

A Agadir Ouzrou, la crise financière internationale a suspendu le financement apporté par le CISS et le projet s'est limité aux façades sur la palmeraie et à l'entrée historique du Ksar.

 

Ces projets permettent de maintenir un espace public de qualité pour les habitants qui sont désireux de conserver des lieux historiques sans toujours arriver à mobiliser les ressources nécessaires pour le faire. Par ailleurs, à Assa, le Ksar reste au cœur de la culture immatérielle et de nombreuses pratiques votives ou festives.

L'orchestre national de Jazz du Ksar d'Assa à la Kasbah Aghenaj de Tiznit

A l'initiative de l'institut français d'Agadir, dans le cadre du projet Caravane, l'orchestre national de Jazz a séjourné du 15 au 20 avril dans le ksar d'Assa pour créer un morceau de 17 minutes. Ils ont profité du théatre de plein air pour jouer avec les troupes locales sur l'esplanade.

Puis sur le chemin du retour vers Agadir, ils se sont arrêtés à Tiznit où ils ont donné un concert sur la scène de la kasbah Aghennaj, le samedi 20 avril. Outre quelques grands classiques, ils ont offert une dizaine de minutes de leur dernière composition "Ksar Assa" qui sera joué par tout l'orchestre au Maroc en juin 2013.

Ce beau projet a été mis en image par France 24 qui a diffusé un reportage de 9 minutes aujourd'hui.

Il peut être vu en cliquant ici.

Un grand merci à Kevin Jaglin qui fut la cheville ouvrière de ce projet.

Quelques images issues du reportage.

 

Ksar Assa, guedra traditionnelle d'Assa

Assa est connue pour ses troupes de danses traditionnelles notamment comme ici de Guedra traditionnelle.

Cette danse est pratiquée par une danseuse, voilée et drapée pour la circonstance, qui va exécuter des gestes de la main pour réaliser une chorégraphie gracieuse de dévoilement du visage. Le groupe musical l’accompagne tout en suivant le rythme de la danseuse. Cette dernière effectue des mouvements appelés «Tadaoui» accompagnés de chants collectifs «Hammayetse» qui suivent trois étapes avant d'atteindre l'apogée avec les chants «Ahoutch». Ce groupe musical est composé de plusieurs hommes formant un cercle, dont l’un « l’Ennakar », exécute tout au long de la danse un rythme régulier en frappant avec les « Maghazels » sur un tambour en poterie appelé la Guedra, d’où le nom donné à cette danse.

Ensemble Guedra, contact : Id Ich Slim 067 01 44 689

Ksar d'Assa. Mémoire des lieux et compétence d'édifier dans le Maroc présaharien

Le catalogue Terra 2008 édité par le Getty Institute (Los Angeles, Getty publications, version bilingue) est paru. Il reprend la conférence bi-annuelle sur la terre crue lors de sa dixième édition, The 10th International Conference on the Study and Conservation of Earthen Architectural Heritage.

Le voici en lien sur ce site en attendant de le lire sur papier :

http://books.google.fr/books?id=gUZkh_C1_jYC&pg=PR9&dq=salima+naji&hl=fr&ei=aZNeTq6XMInQsgaE0eiZDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=9&ved=0CE8Q6AEwCDgK#v=onepage&q=naji&f=false

Il s'agit de mon texte cosigné avec Lahoucine Rah :  "Mémoire des lieux et compétence d'édifier dans le Maroc présaharien." (Défis et opportunités) sur le réveil du ksar d'Assa (2006-2008) gràce à l'Agence du Sud.

Author: Edited by Leslie Rainer, Angelyn Bass Rivera, and David Gandreau
Year: 2011
Details: 456 pages
9 x 11 inches
181 color and 208 b/w illustrations
paperback
Publisher: Getty Publications
Imprint: Getty Conservation Institute
Item# 978-1-60606-043-8
$80.00

Le Ksar d'Assa présenté dans l'exposition "Escale au Sud" à Rabat

Du 4 novembre 2010 au 4 février 2011, l'Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud et le Groupe Crédit agricole, organisent une vaste exposition à Rabat présentant la richesse culturelle, historique et patrimoniale des populations sahariennes pour commémorer le 35e anniversaire de la Marche verte.

A cette occasion, nous avons réalisé une maquette du Ksar d'Assa montrant à la fois l'ampleur des travaux réalisés et des projets à achever. Il fut alors possible d'expliciter la spécificité de ce projet de restauration initié depuis 2006 et qui aujourd'hui a atteint une ampleur remarquable.

 

Ksar Assa, 2006-2010 les résultats en images

2006-2010

L'Agence du Sud a mené un vaste programme de réhabilitation du Ksar d'Assa en restituant les architectures défensives (murailles, borjs) et les lieux saints (mausolées, mosquée, zaouïa). Les travaux furent menés dans une démarche participative associant tous les usagers pour restaurer le bâti selon les règles de l'art, sous le regard d'un comité de doyens locaux. Par ailleurs, les demeures lignagières bénéficièrent d'un programme de requalification à même de générer des AGR. La maquette montre l'état actuel du projet, transmets à ceux qui ne peuvent faire le voyage, et permet aussi de matérialiser le projet pour tous ceux qui ne savent pas projeter dans l'espace. 

Les coupoles d'Assa, des cieux retrouvés

 
  
L'entreprise de Hassan Jerrar à Assa a accompli des merveilles. En réunissant autour de nous les meilleurs maalmines de la région, nous avons remonté les coupoles effondrées, les petits oratoires du cimetière. La terre, l'adobe et des enduits locaux à base de cendres, la chaux pour les liants et les enduits de finitions, la  pierre aussi puisqu'ici il y a une tradition de monter les pendentifs avec de fines lames d'ardoise et du palmier débité en lames. Le résultat est époustouflant.

 
L'état antérieur était extrêmement délabré comme le montrent les photos prises en 2006. Sidi Lahcen Ramouch avait été victime des "chercheurs de trésors" pilleurs de tombes, comme il en existe trop en ces lieux traversés par une histoire de la longue durée. Une coupole détruite remplacée par un gabarit en bois sur une structure de ciment armé, voilà ce que nous héritions au départ... Mais, la force de conviction a été plus forte, et les lieux renaissent rendant à la cité aux "366 saints" son prestige.

 

Ksar d'Assa sur TF1

J'ai été contactée par Dreamway Productions et par le ministère du tourisme marocain pour être filmée en pleine activité sur l'un de mes chantiers du Sud pour la série "A la rencontre de" qui est diffusée sur TF1.
J'avais choisi le Ksar d'Assa pour assurer la promotion de ce lieu méconnu et encourager les bonnes volontés locales.
Le spot d'une minute a été diffusé le dimanche 20 septembre à 19h50. Il est désormais accessible sur youtube.
http://www.youtube.com/watch?v=PxNeaoCM3ng

Pour tous ceux qui connaissent Assa, ils reconnaîtront certains des porteurs de projets les plus actifs.

L'amouggar d'Assa a commencé

Pour le mouloud, le grand rassemblement a lieu, amougar, pour ces quelques jours avec la course inaugurale en hommage à feu le Caïd Rah, et tout un tas de petites festivités plus modestes et charmantes... Des champions du Kenya, de Roumanie, de Pologne, etc. s'étaient déplacés pour l'occasion, j'espère qu'ils auront visité le Ksar.

M. Hajji, le directeur de l'Agence du Sud en a profité pour faire la visite des porteurs de projets, accompagné de M. Abou Zeid le gouverneur ainsi que d'autres personnalités politiques.

Les porteurs de projet se sont fait un plaisir de présenter leur travail, quel bonheur de les voir parler de leur projet, expliquer, préparer les images, aménager les locaux. Installer les dattes, le lait, faire venir quelques tolbas. J'aurais aimé filmé mais je présentais aussi avec toute l'équipe du POS (on ne peut pas tout faire). Je pense qu'en juin, les maisons d'hôtes seront actives, et M. Aharrass a lancé son restaurant, salon de thé. Avis à nos visiteurs, jusqu'au 11, précipitez-vous !

   

Sinon, nous poursuivons la restauration avec nos maalmines doués qui se surpassent, motivés !

Les porteurs de projets d'Assa, une dynamique positive

Nous avons lancé les porteurs de projet progressivement, en s'adaptant au rythme de chacun, les premiers le 25 août, puis à nouveau le 9 octobre et enfin, dernièrement le 22. Désormais, nous avons six porteurs de projets dont le chantiers est en cours, deux ou trois sont dans les préparatifs du démarrage annoncé pour le 11 novembre prochain, et trois autres qui méritent un encadrement particulier car ils connaissent des difficultés organisationnelles (d'ordre familial ou économique, dus au foncier ou à la difficulté de se prendre en charge). On peut donc considérer que dans quelques mois, nous aurons une vraie vie dans le Qsar d'Assa. Enfin !

Après des décennies de déprise progressive, des mois de sensibilisation et de restauration des parties collectives, le Qsar d'Assa est réoccupé par les habitants selon de nouvelles démarches de projet.

Une pensée va bien sûr vers toute l'équipe qui oeuvre au quotidien pour le Qsar et qui se reconnaîtra j'espère dans ces pages et les pages à venir.

Notre objectif reste le même concilier et ne jamais laisser d'individus sur le côté, en laissant toujours une opportunité pour qu'ils puissent intégrer le projet à leur rythme selon leurs envies.
Ainsi, le Qsar d'Assa devient un véritable projet de réhabilitation participatif où tout ayant droit peut intégrer avec ses qualités et ses attentes le projet.
Cette stratégie est bien sûre extrêmement lente et sollicite des trésors d'énergie mais elle est la plus durable, car elle permet un véritable changement social.

Assa, bilan de ces derniers mois

Je n'avais pas encore beaucoup écrit sur Assa, cette année, parce que le chantier ne va pas assez vite et que je souhaitais ouvrir ces pages sur des résultats tangibles. Que j'étais très déçue et désolée car le projet était très mal parti (et pour de mauvaises raisons). Pourtant, il faut le reconnaître, ce qui reste très positif, c'est que mon travail est l'une des seules véritables RESTAURATIONS du Maroc (à Goulmima, ils ont mis un chaînage de ciment armé dans le pisé ! Ailleurs, ils démolissent la terre crue ou la pierre et reconstruisent en ciment armé sur un plan sommaire ! Il y a dans ce pays hélas, une non-connaissance de ce que signifie patrimoine, il ne s'agit pas de conserver seulement des murs !). Une restauration de qualité tout en étant dans une stratégie de développement - pour moi ce n'est pas du tout antinomique, mais beaucoup n'arrivent pas encore à associer les deux... Donc voici un premier bilan en images, rappelez-vous lorsque nous avions commencé tout était ruiné (voir premières pages du blog et note précédente).

La zone Ihchach est la plus aboutie, en haut du Ksar, ces dernières semaines toutefois, nous avons aussi commencé en bas, sur la fameuse place au Tanast (clepsydre) tournée vers la palmeraie. Je suis parvenue à convaincre tout le monde de distinguer les identités locales par le matériau : ceci permet de ne pas s'éloigner de la matérialité des lieux.

A force (5 missions étalées sur plusieurs mois, il a fallu travailler au corps !) de convaincre, tout le monde s'est approprié l'idée, tout le monde est convaincu et me fait confiance. C'est vrai que le haut du Ksar est très beau. Ceci me fait très plaisir : la sensibilisation est acquise à l'idée de l'architecture de collecte. Cette réussite est due, comme je le voulais, au fait que plutôt que de palabrer pendant des jours, j'ai encadré des actions et, parallèlement, suivi les choses de très près. Architecturalement, il y a donc trois entités : le haut du Ksar sur le promontoire en pierre de schiste, le bas en galets de l'oued et en pisé, le cimetière en pisé avec des couvertures végétales sur le nu du mur.

Palabres de mai et juin

Malgré des conditions de chantier épouvantables, depuis le 11 février qu'il était lancé, les choses ont avancé. Pas aussi bien que je l'aurais souhaité mais les résultats ne sont pas si mal. Le maalem Ba Moh a quitté le chantier à la mi-mai. Le flambeau sera-t-il repris sur place ? Je l'espère.

En haut l'image du borj Ihchach aujourd'hui, en bas, l'état du borj avant que nous commencions les travaux. Ensuite, on voit Bakrim m'expliquant le Ksar, M. Le Président de Commune, M. Hamdi auquel j'explique la démarche, en 2006, mais aussi des photos de ces cinq derniers mois avec les uns et les autres. Pour que tous nous puissions mesurer, malgré tout, le travail accompli.

Cheikh Tayeb, le premier qui m'ait fait visiter le Ksar en décembre  2005. Ensuite, les diverses discussions formelles et informelles, et notamment avec les deux assemblées des Ayt Rab'ïn enfin réactivées des Farq-s Idaw Mellil et Idaw N'git. Je rêve que les deux maisons qui accueillaient jadis ces assemblées soient elles aussi retrouvées dans leur état antérieur. Nous l'avons évoqué ensemble, et tout le monde est bien d'accord.

 

 

On continue à présenter le projet et expliquer que nous voulons oeuvrer sur l'ensemble du Ksar : ceux du bas se sentaient négligés. Ils sont seulement victimes du manque de rapidité des autres parties sur lesquelles vraiment, ça ne va pas vite ! A croire qu'on ne travaille que lorsque je suis là... !?
Sur la photo la plus sombre, on voit bien ceux qui accompagnent le projet depuis peu, Laalou Bouchib et Bousta Abdel Aziz, ainsi que Fatime-Zahra Morjani. Le plus important pour moi, reste ce qui se joue, au fil des jours, in situ, lorsque j'accompagne la restauration pour qu'il y ait le moins de bêtises possibles. Que de temps, que de temps passé à Assa, en 2006 j'y avais passé plus de huit semaines, en 2007, au moins 2 mois, cette année presque cinq semaines (le temps mis bout à bout)...

Ici, discussion il y a quelques jours avec les Idaw Ngit autour de Tagzdart, le lieu rituel extrêmement important en face Imi n'Tanast (la porte à la clepsydre), puisque tous les vendredis naguère on y égorgeait une bête de boucherie dont les parts divisées sur ces hautes pierres en autant de bouches que comptait le farq, étaient ensuite distribuées. Pierres à libations donc qui doivent revenir à la place qu'elles occupaient jadis. On m'a promis de m'apporter des photos anciennes pour ma visite de la semaine prochaine.

Et nous terminons avec mes amis les Ihchach, trois générations réunies (ici en avril 2007, il manque Bouzid). J'espère que je ne fais pas de jaloux, on m'a demandé - malgré ou à cause de toutes les photos distribuées - si il n'y aurait pas une exposition des photos du chantier : oui, évidemment, mais quand nous aurons davantage travaillé : quand il y aura encore plus de résultats. Car pour le moment, nous avons traité un peu moins de 1000 m² et il y a trois hectares. Alors, il ne faudrait plus perdre de temps à faire durer les choses...

Trophée Patrimoine

Une Cérémonie de Remise des 4 Trophées couleurs "Patrimoine et Création" a été organisée à Marrakech, dans le cadre de la 4e édition du Salon professionnel de l'art de vivre et de l'artisanat du Maroc "Riad Art Expo 2008" (26-30 mars). Cette soirée qui a été marquée par la présence notamment du secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat, Anis Birou, a rendu hommage à plusieurs créateurs, artisans et professionnels du tourisme qui, par leur respect du savoir-faire traditionnel artisanal, leur créativité et leur sens novateur, ont contribué largement au développement de l'artisanat marocain et à la préservation et revalorisation du patrimoine national.

Le Trophée "Métier d'Art" est revenu à l'artisan Abdelkader Ouazzani qui demeure l'un des derniers artisans de Fès à fabriquer des brocarts sur des métiers Jacquard.

Le Trophée "Patrimoine", il a été remporté par l'architecte Salima Naji pour sa contribution à la restauration du Ksar d'Assa dont le maître d'ouvrage est l'Agence du Sud. Cette action conduite dans le cadre d'un partenariat avec les associations du Ksar, permettra de redonner vie à ce qui fut un ancien port saharien, une zaouia et une cité sainte.

Le Trophée "Découverte" est revenu, quant à lui, au Jardin bio- aromatique de l'Ourika. Planté sur un hectare, ce jardin propose un voyage sensoriel à travers différents circuits pour partir à la découverte de dizaine d'espèces de plantes.

Concernant le Trophée "Création", il a été remporté par les créateurs et exposants, Meriam Morabiti et Hicham Elmadi.

Pour départager les nominés sélectionnés dans les quatre catégories et désigner les plus méritants, un jury, présidé par l'artiste- peintre Mehdi Qotbi et composé notamment de la poétesse, traductrice et chercheur en soufisme, Touria Ikbal et du designer Yahya Rouach, a été constitué à cette fin.

Les Essais à Assa, ciment et patrimoine

Du 3 au 6 mars, animée par les ingénieurs de Ciments du Maroc, une première journée de formation a été attribuée aux ouvriers les plus motivés d'Assa. M. Fellaki, ingénieur, a avec M. Belhad, technicien, expliqué et accompagné chacune des séquences.

A Casablanca en effet, avaient été mis au point, autour des équipes de  M. Abarro Omar, les premiers essais en laboratoire qui avaient été validés, amendés, améliorés. Les ingénieurs Mme Mansoutre, M. Zenjari avaient été parmi les premiers visiteurs d'Assa en décembre 2006. Enchantés par le site, depuis, ils étaient attachés à des résultats concrets. Et à partir des premiers échantillons de pierre, de sables, de limons locaux, différentes textures et techniques avaient été proposées et testées jusqu'en février 2007.

Nous voulions par ce partenariat initié par M. M. Chraïbi, le Président du Groupe en 2005-06 et Mme A. El Fassy-El Fihry, directrice de la Coommunication de Ciments du Maroc, montré que le ciment, lorsqu'il est maîtrisé et bien utilisé, n'est pas toujours incompatible avec le Patrimoine.

Le projet a pour objectif de mettre ainsi en valeur l'ensemble des pavements du Ksar sur l'échine dorsale du parcours et sur les placettes importantes. Il reste les flux à placer... et coordonner chaque poste n'est pas une mince affaire, hélas. Il était aussi extremement important d'expliquer aux bénéficiaires que réhabiliter ne signifie pas figer dans le passé (tous sont obsédés par l'idée de modernité, la modernité de pacotille, celle des gadgets), mais accompagner son époque. Pour bien accompagner son temps, il faut toujours faire avec les legs du passé...

MM. Fellaki et Belhad, Mme Diani, l'actuelle directrice de la communication du groupe Ciments du Maroc, Mme Morjani, chef de projet Assa à l'Agence du Sud, M. Rah, Directeur Régional, et moi-même, avions le 11 février dernier participé à la mise en route des Essais grandeur Nature.

Lors de ces premiers essais de mars, j'ai admiré la patience des formateurs, leur douceur a expliquer chaque étape, à assister et reprendre chaque enseignement. Nos jeunes (et moins jeunes apprentis) été captivés, sensibles à cette formation de grande qualité, attentif à chaque geste. Ils sont très impatients de se livrer aux exercices pratiques et attendent le retour de leurs formateurs et la "dame aux cheveux jaunes" (Mme Mansoutre) ! L'émulation créée par les formateurs étaient belle à voir.

Si les résultats sont concluants, des tests seront passés et les recrues les plus habiles auront un certificat de formation attestant de leur niveau. J'espère de la sorte essayer de poursuivre à une vraie formation pour nos maalmines leur permettant une fois revenus sur le marché du travail, d'avoir bénéficier d'une palette de compétences. Ils sont bien payés et ceci leur assure une dignité réélle, il faut maintenant leur donner d'autres atouts.

Visite royale à Assa

Dans le cadre de la visite royale à Assa, le projet du Ksar a été présenté à Sa Majesté Mohammed VI.

Assa a bénéficié de multiples projets d'infrastructures et de développement. Le Ksar représente peu par rapport aux vastes programmes de mise à niveau urbaine, de développement social et éducatif. Cependant, il permet de doter Assa d'une résonnance autour de son identité spécifique de Ksar Zawya et de port saharien.

La population locale a effectivement besoin le plus rapidement possible d'infrastructures sanitaires, scolaires, sociales performantes, seules bases d'un réel développement. Mais en parrallèle, il faut aussi développer des projets culturels qui nécessitent des budgets beaucoup plus modestes. Car ces projets participent de la reconnaissance de la richesse de l'histoire et du patrimoine local à laquelle la population reste fortement attachée.

En conclusion de la présentation du projet, le roi a donné rendez-vous d'ici un an pour juger de l'état d'avancement. Cette date butoir doit désormais canaliser toutes les énergies pour mener à bien la réhabilitation du Ksar d'Assa. Désormais, il faut soutenir les intitatives privées en même temps que continuer la restauration des parties collectives. Un immense chantier doit se mettre en place.

Festival d'Assa: les habitants se réapproprient le ksar

Le festival d'Assa (du 24 au 27 mai) fut un moment extrêmement important pour les habitants. Des associations se sont mobilisées pour faire revivre le ksar pourtant toujours en chantier.

Le meilleur exemple est le théatre de plein air. Malgré le fait qu'il soit toujours en construction, il a été utilisé pour de multiples représentations musicales. Les groupes occupant le centre qui est encore en terre battue, alors que les spectateurs et surtout les spectatrices se groupaient sur les gradins.

La confrontation à l'usage a fait émerger de nouvelles demandes comme la construction de loges pour les groupes ou la multiplication des gradins.

Parallèlement, l'association Ihchach a décidé d'ouvrir au public son patrimoine familial dans l'antique demeure qui doit être prochainement restaurée. Les objets et les archives familiales ont été soigneusement mis en scène dans une maison qui nécessite encore des travaux de restauration. Les visiteurs vinrent nombreux.

Ce moment festif si apprécié par les habitants démontre la volonté locale de revitaliser le ksar.

Le journaliste Mohamed Zainabi a d'ailleurs rendu hommage à toutes les énergies qui participent du projet dans le reporter de cette semaine. L'article peut être téléchargé ci-dessous.

Téléchargement article_ksar_assa_zainabi.pdf

Un premier festival dans le Ksar

Le collectif d'associations "Tamaynut", avec le soutien de l'IRCAM (Institut royal de la culture Amazighe) et de la province d'Assa-Zag, a décidé d'organiser un festival autour du Ksar d'Assa du 24 au 27 mai.

L'avancement du projet de réhabilitation du Ksar a donné l'envie à un collectif d'associations d'Assa de développer de multiples activités autour du patrimoine matériel et immatériel de la région.

Ce festival avant tout tourné vers la population d'Assa doit associer des soirées à thèmes autour des danses et des chants traditionnels, des conférences avec des historiens locaux et des linguistes et des activités patrimoniales dans le Ksar.

Une rencontre Nord-Sud entre artisans à Assa

Nous avons reçu le Club de la Chaux (groupe SOCLI d'Italcimenti), des artisans Français et des Compagnons de France passionnés par les techniques traditionnelles venus rencontrer l’équipe de nos artisans, pour des transferts de compétences entre Nord et Sud, et entre Sud et Nord. Tous sont par ailleurs soit formateurs, soit chefs d'entreprises spécialisées dans le bâtiment. Sandrine Mansoutre avait tout organisé depuis Casablanca avec Emmanuelle Roqué depuis Izaourt.

Le Gouverneur d’Assa, My Driss Ben Addou, a, d’abord, reçu nos hôtes, l’occasion de présenter à des étrangers l’INDH, l’Initiative pour le Développement Humain, ce qui permit de bien introduire le projet qui est basé, avant tout, sur le développement local par le biais des habitants, premiers acteurs et  premiers bénéficiaires. Et le caïd Abdelhak Benamara, nous a comme toujours, fait une présentation passionnante des lieux.

Ce premier contact fut très important pour nos maalmines (nos maîtres-artisans), très heureux de voir leur travail reconnu et  ils purent échanger, en égaux, avec des professionnels : chacun pouvant faire valoir ses compétences : pisé, enduits, crépi à la terre, badigeons, mises en œuvre pierre mortier de terre. Un échange verbal s’est vite mis en place entre des interlocuteurs qui n’eurent bientôt plus besoin des mots. « Eux aussi ont les mêmes problèmes que nous ? » me demanda Bamouh Lahcen, le maalem en chef. « En France, on construit à la chaux ! », tous les apprentis artisans sortirent les portables-appareils photos et prirent des photographies de ces artisans européens au travail, qui comme, eux-mêmes, utilisaient des techniques traditionnelles ! Toute l’image négatives des savoir-faire traditionnels s’en trouva dès lors bouleversée. Cet impact sur la population d’Assa est particulièrement important pour le bon déroulement du projet. La qualité de l’échange a motivé l’ensemble des participants, et nous pensons les recevoir en session plus longue dans le courant de l’année 2008. Les artisans français ont eu la délicatesse d’offrir à chacun des maalmines des outils. Les maalmines d'Assa et les ouvriers se sont sentis valorisés et s'impliquent davantage encore dans leur travail. Concrètement sur le chantier, une dynamique belle s’ouvre à nouveau.

La visite a été, par ailleurs, une très grande réussite pour les porteurs de projets sollicités qui ont su répondre aux attentes des touristes extérieurs en recevant à la façon traditionnelle dans la maison de Rqia, l’une des porteuses de projet. Ahmed Ahayk s’est chargé de la préparation du repas dans une maison du Ksar, le repas était pantagrualesque et délicieux.

Tout le monde a compris ce que signifiait l'accueil touristique dans le Ksar, quelles étaient les attentes de façon concrète là où les longs discours avaient eu un impact proche du zéro.

Retour à Assa

Le chantier du Ksar d'Assa a été relancé le 17 mars. La réouverture du chantier était très attendue par la population locale. La réussite de la première phase du projet, qui s'était achevée par la visite ministérielle, nous permet de doubler les équipes et de désormais travailler avec sept maalmines. Nous allons donc traiter l'ensemble du ksar et non plus sur le seul quartier Idaw-Mellil. Plusieurs équipes s'occuperont du quartier Idaw-Unguit dont de nombreux membres pensaient, à tord, avoir été oubliés.

Ces journées furent, aussi, l'occasion d'une visite organisée par Ahmed El Hassani ( directeur de l'institut scientifique de Rabat) pour une équipe internationale de chercheurs composée de biologistes et de géologues spécialistes des déserts. Ils se rendaient à Aouïnet Torkoz où en 1948, l'officier des affaires indigènes, Vincent Monteil, avait supervisé la mise en place d'un observatoire des déserts. Le site est régulièrement visité mais il doit être réaménagé pour, notamment, accueillir un sismomètre.

La visite s'est faite à deux, j'étais accompagnée du caïd Abdelhak Benamara. Ce dernier a mis à profit son action locale pour étudier les mécanismes sociaux dans leur profondeur historique et se révèle un conférencier brillant en français comme en anglais.